mercredi 3 avril 2019

"Livre ou film ? n°11" : Un avion sans Elle

Quelques mois après mon billet comparant Maman a tort de Michel Bussi avec son adaptation TV, c'est désormais au tour de Un avion sans Elle de passer sur le grill. 
Il faut dire que Michel Bussi, désormais sur le podium des auteurs français les plus lus et populaires, soulève les foules de l'adaptation avec rien de moins que 3 téléfilms réalisés ou en cours de réalisation et 2 déclinaisons en bandes dessinées sur 2018 et 2019... de quoi rendre jaloux ses concurrents directs.

Hier donc s'achevait sur M6 le téléfilm en 4 épisodes d'Un avion sans Elle, le roman multi récompensé et multi traduit qui avait fait décoller l'auteur en 2012. Celui par lequel je découvrais Michel Bussi pour la toute première fois... nostalgie, quand tu nous tiens !

Si Maman a tort n'était pas mon roman préféré de l'auteur et, par conséquent, j'avais de moins fortes attentes quant à son adaptation télévisée, Un avion sans Elle étant pour moi comme une madeleine de Proust Bussienne, je redoutais nettement son adaptation, que j'avais peur de trouver décevante. Il faut dire que j'avais vraiment adoré le roman, dont vous pourrez relire la critique de l'époque ici.


Titre : Un avion sans Elle

Auteur : Michel Bussi

Date de parution : 2012

Éditeur : Presses de la cité

Prix : Prix Maison de la Presse et Prix du Roman Populaire, décembre 2012


Quelques infos sur le téléfilm :
  • De : Jean-Marc Rudnicki, Nicolas Durand-Zouky
  • Avec : Bruno Solo (Jacques Monod), Pénélope-Rose Lévèque (Emilie Vitral), Yaniss Lespert (Marc Vitral), Anne Consigny (Mathilde Carville), Margaux Chatelier (Nina Passard), Didier Bezace (Henri Carville), Agnès Soral (Nicole Vitral), Anne-Elisabeth Blateau (Solen Martineau), Foëd Amara (Karim Bouazi)...
  • Date de diffusion : 26 mars et 2 avril 2019
  • Chaîne de diffusion : M6
  • Nombre d'épisodes : 4 d'une cinquantaine de minutes chacun



De quoi ça parle ?

Un avion sans Elle, c'est l'histoire d'un vol Istanbul-Paris qui s'écrase sur le Mont Terrible, dans le Jura, ne laissant aucun survivant, à l'exception d'un nouveau né... une petite fille réclamée par 2 familles, les Carville et les Vitral. Alors que la justice tranche en faveur des Vitral, le détective engagé par les Carville fait, 20 ans plus tard et juste avant d'être sauvagement assassiné, une découverte qui va tout changer...


Le livre ou le film ?

Sans grande surprise, le livre. De ce roman, je me souviens surtout, au-delà de son épilogue grandiose, de son rythme effréné, une course contre la montre qui nous tient en haleine de la toute première à la toute dernière page. Environ 200 pages de suspense à couper le souffle avec peu d'espace pour respirer. C'est ce rythme que j'avais plébiscité lors de ma découverte de l'auteur et qui faisait de ce livre un très grand livre, sans compter bien évidemment la clé de l'énigme... ce petit twist final tellement évident mais tellement introuvable si on n'a pas "le truc". Du pur génie "made in Bussi" ! Or, vouloir faire de ce roman 4 épisodes (vous me direz, c'est toujours 2 de moins que l'adaptation de Maman a tort) est une erreur. Un film de 2 heures ou un téléfilm de 2 épisodes aurait largement suffit à retranscrire l'intensité de ce policier haletant.

Autrement, c'est une bonne adaptation dans l'ensemble. L'intrigue est plutôt bien respectée : une fidélité que je n'avais pas autant retrouvé dans l'adaptation de Maman a tort. Pour ceux qui n'ont pas lu le roman, cette mini-série respecte l'oeuvre d'origine dans son ensemble et ne trahit pas la trame de l'intrigue. 
On y retrouve les mêmes ingrédients, avec pour autant une certaine fadeur dans le traitement, due en partie à un jeu d'acteurs et une manière de filmer "à la française" qui ralentissent l'ensemble. J'ai trouvé l'actrice incarnant Emilie Vitral assez terne, un peu à côté d'un rôle qu'elle aurait pu rendre beaucoup plus intense et profond, là où à l'inverse, l'actrice jouant Nina Passard est une belle révélation.

Certains détails m'ont également gênée. Les scénaristes de ce type d'adaptations ne peuvent pas s'empêcher de modifier de petites choses des romans qu'ils déclinent, parfois sans grand intérêt pour la série mais qui trahissent l'oeuvre originale aux yeux de ceux qui connaissent bien son auteur.
Pourquoi placer l'intrigue en grande partie dans les Hauts de France au lieu de la Normandie ? Les plages calaisiennes sont-elles réellement plus belles que les plages dieppoises ? Quand on sait l'attachement de Michel Bussi pour la Normandie, quel intérêt ? 
Dans le même ordre d'idée, pourquoi renommer Crédule Grand Duc Jaques Monod ? Cette recherche de noms singuliers chère à l'auteur devait-elle obligatoirement être foulée au pied ? Croyez-moi, je me souviens peu des noms des personnages des romans que je lis, mais concernant Crédule Grand Duc, qui n'a pas été frappé par ce nom improbable en lisant le roman Un avion sans Elle ? Pourquoi ne pas le conserver ? Est-ce un patronyme si ingrat pour le grand Bruno Solo ? 
Des détails, certes. Mais qui bafouent le talent et la signature de Michel Bussi et qui m'ont dérangée.

C'était néanmoins une adaptation plutôt réussie, mais au vu de la qualité du roman, préférez-lui l'original, vous ne serez pas déçus. A moins que l'adaptation en BD, prévue pour l'année prochaine, soit à la hauteur de l'oeuvre et satisfasse les plus pressés.




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