vendredi 10 octobre 2014

Mémoires d'un perfectionniste - Jonny Wilkinson

En général ce genre de biographie ou d'autobiographie de sportifs, je ne les achète, pas, je me les fais prêter (par ma boss). Après, c'est vrai que le rugby, c'est différent, c'est plus mon terrain.

L'histoire de l'achat de ce livre, curieusement, commence par une histoire de football. 
Pour les 30 ans d'un ami de jeunesse de mon mari, on cherchait une idée de cadeau un peu sympa, qui lui corresponde. Or, ce qui correspond à 300% à cet ami, c'est l'OM (Olympique de Marseille, en foot, pour les néophytes). 
C'est le genre de gars qui a un "bracelet" OM, un jogging OM, des posters OM chez lui... Bref, qui vit et respire OM, vous l'aurez compris ! Quoi qu'il en soit, trouver un cadeau OM qu'il n'ait pas encore en sa possession, à Paris, en 2 jours (donc pas d'internet), c'était un défi balèze. On a alors pensé à un livre. Ils devaient bien avoir ça à la FNAC. J'irai entre midi et 2. 

La FNAC, ça laissait peu de marge : c'était un livre ou rien. Pour un gars qui avait lu 2 livres dans sa vie (à peu près), fallait la jouer "malin", pour éviter le cadeau qui pourrit au font d'une armoire. 
Arrivée devant le rayon sport, ça ne commençait pas trop bien. Bien évidemment, il n'y avait à hauteur d'yeux, que des bouquins sur le PSG... Et finalement, comme quoi il ne faut jamais s'avouer vaincu, dans la position du lumbago, j'ai fini par trouver 4 ou 5 livres sur l'OM...
Dont une collection de livres avec plus d'images que de texte, comprenant un DVD des plus beaux buts du clubs. Idéal pour pallier le manque de pratique de la lecture de l'ami en question. 

Tout ça pour dire quoi ? En cherchant le rayon foot/OM dans la boutique, je suis tombée sur le rayon rugby et sur l'autobiographie de Sir Jonny Wilkinson... en poche, à 7,60€. Genre, l'autobiographie du meilleur joueur du monde dans mon sport fétiche, à seulement 7€ ??!   J'avoue, j'ai craqué et suis repartie avec les 2 bouquins sous le bras : l'un relatif à un club de foot marseillais, l'autre relatif à un joueur évoluant dans un club de rugby toulonnais - et qui plus est un joueur anglais.

Pour ceux qui connaissent mes préférences sportives (géographiquement parlant), passer en caisse avec ces bouquins fut une vraie torture. Wilkinson passait encore, mais le gros bouquin bleu et blanc avec écrit OM en gros, il fallait vraiment que j'aime mon mari ! 


Titre du livre : Mémoires d'un perfectionniste

Auteur : Jonny Wilkinson

Date de parution : septembre 2012

Résumé : Beaucoup se l'accordent à dire, Jonny Wilkinson, mythique joueur du XV de la rose (pour les non connaisseurs, de l'équipe nationale anglaise de rugby), fut le meilleur joueur du monde de rugby à XV.
C'est aussi le joueur qui a traversé 4 coupes du monde, qui détient le record de points marqués et celui du nombre de blessures essuyées pendant sa carrière... c'est aussi et enfin le joueur qui a marqué le drop de la victoire en finale de coupe du monde dans les dernières secondes face à l'Australie... Bref, c'est un as du rugby. Pour nous autres Français, c'était, de son temps, LE joueur à abattre, celui qui nous faisait perdre tous nos moyens... l'ennemi public numéro 1. Au-delà de ce palmarès impressionnant, cette autobiographie revient sur le perfectionnisme maladif de Jonny Wilkinson : les heures de travail sur lui-même pour en arriver au joueur qu'il est devenu. 
Un livre qui débute par l'enfance de Wilkinson et s'achève par la coupe du monde de 2011 et l'entrée du joueur à Toulon.

Mon avis : un très bon livre, qui nous aide vraiment à comprendre comment un champion peut devenir champion, tout en restant humble. 
L'histoire de Jonny Wilkinson est aux antipodes de l'histoire de Zlatan. Ce dernier partait du principe qu'il était le meilleur en tout. Après tout, il était Zlatan ! Jonny lui, partait du principe, et ce dès le plus jeune âge, qu'il était insuffisant en tout. Alors que Zlatant venait d'un milieu défavorisée et s'est convaincu de sa supériorité pour s'en sortir, Jonny venait quant à lui d'une famille anglaise plutôt aisée, mais s'est convaincu de ses faiblesses et de l'importance de son travail pour gagner l'estime des autres mais surtout la sienne
L'aspect plus impressionnant de ce livre, c'est cette espèce de remise en question constante, cette volonté de perfectionnisme inatteignable. Déjà, à 8 ans, il était malade, avant un match, à l'idée de faire perdre son équipe. En grandissant, il s'imposait des séances d'entrainement quotidiennes durant bien 3 heures de plus que celles de ses coéquipiers. Par exemple, il explique que chaque année, il se fixait une liste d'objectifs ambitieux (le mot est faible) à atteindre : être le meilleur du monde, être Capitaine de l'équipe d’Angleterre et gagner un match en tant que Capitaine, gagner la coupe du monde, être sélectionné avec les lions et gagner un match, gagner la coupe d’Angleterre... 
Jonny Wilkinson est un névrosé du travail et un perfectionniste pathologique. Son humilité vient avant tout d'un sentiment d'être toujours un cran en dessous de ce qu'il espère être. C'est ce travail acharné et cette posture qui en auront fait le meilleur joueur du monde. Et qui lui auront fait traverser quelques années de désert sportif et psychologique. Quand, à 25 ans, on a déjà tout remporté, qu'on a atteint tous les objectifs fixés... il ne reste plus qu'à redescendre ! Wilkinson, qui subit alors blessure sur blessure (il a bien trop usé son corps dans ses jeunes années), connait à ce moment-là une méchante dépression dont seul une nouvelle philosophie de vie pourra le sortir.
Bref, ce fut un livre vraiment très intéressant. 

Après, 2 ou 3 petites choses m'ont moins plues. Par exemple, cette phrase en début d'ouvrage : "Jonny Wilkinson a exercé son doit d'être reconnu en tant qu'auteur de cet ouvrage". Donc, monsieur le perfectionniste a fait écrire son livre et a payé très cher son nègre pour avoir le droit de faire reconnaitre le livre comme une autobiographie... pas très "valeurs du rugby", tout ça. 
Et puis, pourquoi sortir un ouvrage sur sa vie si tôt ? Pour finir l'ouvrage sur une coupe du monde, Jonny est passé à côté de ses meilleures années à Toulon, avec une carrière qui se ponctue sur un doublé historique : champion de top 14 et de coup d'Europe...
Ensuite, ce qui est dommage, même si le livre n'est pas fait pour ça, c'est qu'il y a très peu de références "hors rugby". Par exemple sur sa famille, sur sa femme, sur le fait que la Reine d’Angleterre l'ait anobli (excusez du peu)... des anecdotes du domaine du privé oui, mais qui auraient pu nous éclairer sur son caractère, sur son parcours et sur comment il a réussi à relever la tête après quelques années difficiles. Je ne dis pas d'en faire des caisses, mais juste un peu plus. 
Enfin, mais c'est anecdotique, j'ai trouvé un peu frustrant le fait que le livre soit vu sous un prisme anglais et que, du coup, tout le long du livre, l'auteur se félicite d'avoir battu la France à plate couture... ça m'a fait revivre quelques frustrations et mauvais souvenirs...

Enfin, pour finir sur une note plus optimiste, j'ai carrément adoré, en fin de livre, le recueil de témoignages de ses coéquipiers, qui résument parfaitement le livre
Celui qui m'a le plus marqué, c'est celui du joueur argentin Felipe Cantepomi : "je dis toujours qu'il est un des rares, peut-être le seul, Anglais aimé des Français"


Ma note : 8/10

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