L'assassin qui rêvait d'une place au Paradis est le troisième roman de Jonas Jonasson, après Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et L’analphabète qui savait compter.
Le premier avait ouvert le bal de mes billets de blog le 23 février 2013 (déjà !) et avait reçu la note maximale, tant le coup de cœur avait été grand.
Le second m'avait beaucoup plu également, avec une très bonne note sur ce blog, même si j'avais trouvé le style - très caractéristique de Jonas Jonasson - et la trame narrative un peu répétitifs en comparaison avec le Vieux et que j'avais peur de vite me lasser de l'auteur (ma critique de l'époque : "ça fonctionne à merveille, mais avec un soupçon de déjà-vu. Dans 2 ou 3 romans, saura-t-il se renouveler ?")
Néanmoins, ne jugeons pas à la hâte : j'achetai vite ce troisième roman de l'auteur suédois, dont la quatrième de couverture était très alléchante. De quoi vérifier si l'auteur tenait la route dans la durée et si ce style caustique au comique par l'absurde si particulier finissait, à la longue, par lasser le lecteur.
D'autant plus que depuis quelques années, pléthore de romanciers se sont emparés de ce style littéraire, avec plus ou moins de succès, gavant les modestes lecteurs que nous sommes jusqu'à l'indigestion... d'où un risque bien réel d'overdose et un impératif pour Jonas Jonasson de se renouveler tout en conservant la substantifique moelle de son succès. A mon sens, le plus grand risque avec ce type d'auteur est de finir par nous bâcler un roman par an pour faire plaisir à l'éditeur. Or ici, à mon humble avis, le challenge est trop important pour cette poule aux œufs d'or du roman comique nordique et chaque nouveau livre devra donc désormais être mûri et réfléchi pour éviter la déception.
Titre : L'assassin qui rêvait d'une place au Paradis
Auteur : Jonas Jonasson
Date de parution : 18 février 2016
Éditeur : Presses de la cité
Résumé : Per Persson est réceptionniste dans un hôtel miteux. Parmi les occupants de l'établissement, Dédé le Meurtrier, qui comme son nom l'indique n'est pas un modèle de sainteté. Ensemble, et avec Johanna Kjellander, une femme prêtre qui n'a jamais cru en Dieu, ils montent un business crapuleux de tabassage de mafieux et malfrats en tout genre contre finances. Très vite, ils amassent un joli pactole. Jusqu'au jour ou Dédé, leur tabasseur et principal atout, découvre Dieu et la foi. Alors que les commandes continuent de pleuvoir, Dédé renonce à la violence et refuse de respecter les contrats. L'heure est à la fuite, mais les avides Per et Johanna ne comptent pas en rester là et trouvent une nouvelle combine pour amasser des gros billets, cette fois-ci en accord avec la foi nouvelle de Dédé : ils montent une église d'un nouveau genre...
Mon avis : une jolie perle, comme l'ensemble des romans de Jonas Jonasson. On change un peu de décor avec ce troisième livre, en suivant des malfrats qui s'assument (et non des malfrats malgré eux comme dans ses autres romans), même si on reste complètement dans l'épopée burlesque qui a fait la renommée de l'auteur. Les personnages sont attachants et très bien amenés : Jonas Jonasson a décidément un don pour arriver à nous passionner pour ce type de protagonistes à moitié débiles mais tellement touchants.
Avec L'assassin qui rêvait d'une place au Paradis, il monte encore d'un cran dans l'absurde, il ose tout. Bien sûr, même si ceux qui comme moi on déjà lu les 2 opus précédents profiteront nettement moins de l'effet de surprise propre à ce romancier, il est à souligner que pour un troisième bouquin qu'on attend au tournant et dont on connait déjà le style et le type d'histoire, Jonas Jonasson arrive encore à nous surprendre. Et plus on pense que le roman va loin, plus l'auteur continue dans l'absurdité. A croire qu'il n'y a pas de fond à son imagination fertile. Pour le coup, je dis bravo l'artiste, car peu d'auteurs arrivent à se renouveler et à faire mouche dans un style aussi marqué.
Après, certains passages sont un peu (voire beaucoup) tirés par les cheveux et un lecteur aguerri pourrait se lasser ou trouver les ficelles un peu (voire très) grosses (on est à la limite de ce qu'on peut craindre sur ce type de roman)... Mais sérieusement, si on se prend au jeu et qu'on oublie la vraisemblance, on jubile !