samedi 30 mars 2019

L'assassin qui rêvait d'une place au Paradis - Jonas Jonasson

L'assassin qui rêvait d'une place au Paradis est le troisième roman de Jonas Jonasson, après Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et L’analphabète qui savait compter.
Le premier avait ouvert le bal de mes billets de blog le 23 février 2013 (déjà !) et avait reçu la note maximale, tant le coup de cœur avait été grand.
Le second m'avait beaucoup plu également, avec une très bonne note sur ce blog, même si j'avais trouvé le style - très caractéristique de Jonas Jonasson - et la trame narrative un peu répétitifs en comparaison avec le Vieux et que j'avais peur de vite me lasser de l'auteur (ma critique de l'époque : "ça fonctionne à merveille, mais avec un soupçon de déjà-vu. Dans 2 ou 3 romans, saura-t-il se renouveler ?")

Néanmoins, ne jugeons pas à la hâte : j'achetai vite ce troisième roman de l'auteur suédois, dont la quatrième de couverture était très alléchante. De quoi vérifier si l'auteur tenait la route dans la durée et si ce style caustique au comique par l'absurde si particulier finissait, à la longue, par lasser le lecteur. 
D'autant plus que depuis quelques années, pléthore de romanciers se sont emparés de ce style littéraire, avec plus ou moins de succès, gavant les modestes lecteurs que nous sommes jusqu'à l'indigestion... d'où un risque bien réel d'overdose et un impératif pour Jonas Jonasson de se renouveler tout en conservant la substantifique moelle de son succès. A mon sens, le plus grand risque avec ce type d'auteur est de finir par nous bâcler un roman par an pour faire plaisir à l'éditeur. Or ici, à mon humble avis, le challenge est trop important pour cette poule aux œufs d'or du roman comique nordique et chaque nouveau livre devra donc désormais être mûri et réfléchi pour éviter la déception.


Titre : L'assassin qui rêvait d'une place au Paradis

Auteur : Jonas Jonasson

Date de parution : 18 février 2016

Éditeur : Presses de la cité

Résumé : Per Persson est réceptionniste dans un hôtel miteux. Parmi les occupants de l'établissement, Dédé le Meurtrier, qui comme son nom l'indique n'est pas un modèle de sainteté. Ensemble, et avec Johanna Kjellander, une femme prêtre qui n'a jamais cru en Dieu, ils montent un business crapuleux de tabassage de mafieux et malfrats en tout genre contre finances. Très vite, ils amassent un joli pactole. Jusqu'au jour ou Dédé, leur tabasseur et principal atout, découvre Dieu et la foi. Alors que les commandes continuent de pleuvoir, Dédé renonce à la violence et refuse de respecter les contrats. L'heure est à la fuite, mais les avides Per et Johanna ne comptent pas en rester là et trouvent une nouvelle combine pour amasser des gros billets, cette fois-ci en accord avec la foi nouvelle de Dédé : ils montent une église d'un nouveau genre...

Mon avis : une jolie perle, comme l'ensemble des romans de Jonas Jonasson. On change un peu de décor avec ce troisième livre, en suivant des malfrats qui s'assument (et non des malfrats malgré eux comme dans ses autres romans), même si on reste complètement dans l'épopée burlesque qui a fait la renommée de l'auteur. Les personnages sont attachants et très bien amenés : Jonas Jonasson a décidément un don pour arriver à nous passionner pour ce type de protagonistes à moitié débiles mais tellement touchants. 
Avec L'assassin qui rêvait d'une place au Paradis, il monte encore d'un cran dans l'absurde, il ose tout. Bien sûr, même si ceux qui comme moi on déjà lu les 2 opus précédents profiteront nettement moins de l'effet de surprise propre à ce romancier, il est à souligner que pour un troisième bouquin qu'on attend au tournant et dont on connait déjà le style et le type d'histoire, Jonas Jonasson arrive encore à nous surprendre. Et plus on pense que le roman va loin, plus l'auteur continue dans l'absurdité. A croire qu'il n'y a pas de fond à son imagination fertile. Pour le coup, je dis bravo l'artiste, car peu d'auteurs arrivent à se renouveler et à faire mouche dans un style aussi marqué. 
Après, certains passages sont un peu (voire beaucoup) tirés par les cheveux et un lecteur aguerri pourrait se lasser ou trouver les ficelles un peu (voire très) grosses (on est à la limite de ce qu'on peut craindre sur ce type de roman)... Mais sérieusement, si on se prend au jeu et qu'on oublie la vraisemblance, on jubile !




mercredi 27 mars 2019

13 à table ! 2017 - Recueil de nouvelles au profit des Restos du coeur

C'est devenu une tradition : chaque année, j'achète (ou parfois je me fais offrir) 13 à table !, le recueil de nouvelles édité au profit des Restos du cœur (1 livre acheté = 4 repas distribués). 

Quand on voit ce que devient le spectacle des Enfoirés, trusté par la Star Ac et The Voice, j'ai désormais plus envie de participer au financement de l'association par un bon bouquin que par l'achat d'un CD insipide avec des chanteurs que j’exècre... même si je lis et commente sur ce blog le recueil de nouvelles plus d'un an après.

En 2017, cap sur la troisième édition de cette initiative, avec des auteurs devenus incontournables dans l'exercice, comme Maxime Chattam, présent depuis le premier jour, et de nombreux petits nouveaux, que j'ai découverts - pour beaucoup - via ce nouvel opus de 13 à table !

En 2017, le thème choisi pour le recueil était celui de l'anniversaire, sur lequel nos grands romanciers français se sont essayés, avec plus ou moins de succès, plus ou moins de finesse, plus ou moins d'émotion.


Titre : 13 à table ! (2017)

Auteurs : Françoise Bourdin, Maxime Chattam, François d'Épenoux, Caryl Férey, Karine Giébel, Alexandra Lapierre, Agnès Ledig, Marc Levy, Agnès Martin-Lugand, Bernard Minier, Romain Puértolas, Yann Quéffelec et Franck Thilliez.

Date de publication : décembre 2016

Éditeur : Pocket

Résumé : à l'occasion de la troisième initiative annuelle de 13 à table !13 auteurs proposent leur version du thème de l'anniversaire à travers une nouvelle au profit des Restos du cœur. 

Mon avis : après une très bonne première édition, avec des auteurs impliqués et appliqués, l'édition 2016 m'avait un peu déçue. On sentait une approche un peu plus commerciale, un peu plus à la va-vite, moins appliquée, avec des auteurs moins en phase avec le style littéraire imposé : la nouvelle. Cela étant dit, pour la bonne cause et ne refusant jamais une découverte littéraire, encore moins à 5 euros, j'achetai à nouveau ledit recueil pour sa 3ème édition. 2017 est sans conteste un meilleur cru que le précédent, bien que le traitement souvent glaçant, macabre ou encore simplement malaisant des nouvelles qu'il contient dénote totalement avec le thème imposé : celui de l'anniversaire. Mention spéciale, comme tous les ans, pour Maxime Chattam, que je trouve décidément mieux en nouvelle qu'en roman et qui a réussi le pari de m'empêcher de dormir en une dizaine de pages, ainsi que pour Bernard Minier ou encore Marc Levy. Pour les autres, j'ai du mal à me souvenir de ce que j'ai lu... cela n'a pas vraiment dû me marquer et donne le ton d'une édition correcte, mais sans plus. Néanmoins, cela ne m'a pas empêché de me procurer l'édition 2018, que je n'ai pas encore eu le loisir de lire mais que je vous chroniquerai avec grand plaisir dans un prochain billet, le temps d'éponger mon grand retard ;)


samedi 23 mars 2019

Traque mortelle / Alias Thanatos - Sandra Alves

Bonjour à tous, ravie de vous retrouver après une longue période de pause, liée à une activité intense au travail.

Aujourd'hui, je profite de mon congé maternité tout frais pour vous retrouver et vous présenter un auteur coup de cœur : Sandra Alves.
Rappelez-vous, je l'avais rencontrée un peu par hasard en 2017 lors d'une table-ronde sur le polar où j'avais été à la rencontre de Michel Bussi. Et lors de cette table-ronde, en écoutant Sandra Alves parler de son premier roman, édité sur la plateforme de lecteurs bénévoles Nouvelles Plumes, je m'étais rendue compte qu'en tant que membre, j'avais eu l'occasion de lire son premier roman, de le noter, et certainement de participer à sa publication.

Lors de la séance de dédicace post table-ronde, j'avais découvert un auteur sensible et très proche de ses lecteurs. J'avais très envie de découvrir son second roman, tout fraîchement sorti de presse... que je m'empressais d'acheter à cette occasion.



Voici donc une critique, complètement à retardement, de ces 2 petites perles du polar français.


Titre : Traque mortelle

Auteur : Sandra Alves

Date de parution : mai 2015

Maison d'édition : Nouvelles Plumes

Résumé : Judith, Commandant de police au 36 Quai des Orfèvres, et Magali, sa coéquipière, enquêtent sur une série d'assassinats perpétrés par un serial killer qui s'inspire des grandes scènes de meurtres de films célèbres. Sur chaque scène de crime, il laisse aux 2 enquêtrices un indice sur le prochain meurtre : des objets leur appartenant...

Mon avis : pour un premier roman, c'est bluffant. Je me souviens qu'en découvrant le manuscrit sur le site Nouvelles Plumes, je m'étais dit que parmi tous ceux déjà lus, c'était un des meilleurs. On sent, au début du roman, le style encore un peu jeune et hésitant de l'auteur, doté de quelques maladresses, mais très vite, on est happé par l'intensité de l'intrigue et des personnages. L'idée des références à des classiques cinématographiques du genre est classique mais excellente, on se délecte de deviner vers lequel d'entre eux les indices nous portent. Le travail sur les personnages, très "nature peinture", confère une aspérité et un relief inédits au roman et on s'attache aux 2 femmes qu'on prendra plaisir à retrouver dans le second roman de l'auteur, Alias Thanatos. En grande fan de polar que je suis, j'avais deviné le dénouement du livre, mais c'est finalement secondaire car on plonge à corps perdu dans l'oeuvre et ce n'est pas vraiment le dénouement du roman qui fait qu'on l'apprécie... et ce quelles que soient les maladresses de jeunesse qu'on peut y retrouver. Dès le second ou le troisième chapitre, tout est oublié, on ne lâche plus le bouquin. Quant au style, inspiré des dialogues de cinéma, il est peu rédigé, peu descriptif, ce qui apporte au rythme de l'ensemble, confère une certaine singularité au polar et rend le tout extrêmement facile à lire.



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Titre : Alias Thanatos

Auteur : Sandra Alves

Date de parution : février 2018

Maison d'édition : Nouvelles Plumes

Résumé : de retour au 36 Quai des Orfèvres après la terrible affaire qui l'a occupée dans Traques Mortelle, Judith se penche sur un nouveau cas. Une petite fille est retrouvée morte sur la Place de la Bastille, son corps embaumé. Ce meurtre sera le premier d'une longue série, qui se poursuit avec le père de la fillette, loin d'être innocent, et qui met en lumière la profondeur de l'âme humaine.

Mon avis : ce roman est l'aboutissement de ce que Sandra Alves avait initié dans Traque mortelle. On retrouve les personnages qu'on a tant aimés dans son premier roman, qu'il n'est pas nécessaire de l'avoir lu pour lire et apprécier ce nouvel opus, avec un style qui s'est vraiment affirmé. L'auteur confie qu'elle a eu beaucoup de mal à abandonner le style du premier livre, sous forme de dialogue du début jusqu'à la fin, pour ajouter du descriptif, du rédactionnel plus appuyé. Cela ne se ressent pas, et on est clairement monté en gamme entre les 2 romans.
Si le thème du second livre me faisait moins rêver que le premier, l'histoire est vraiment bien amenée et on accroche tout de suite. Et cerise sur le gâteau, l'auteur s'est permise des rebonds dans le scénario auxquels je ne m'attendais pas du tout, ajoutant un réel piment au roman, ce que j'avais moins ressenti dans le premier. Bref, Sandra Alves s'affine, grandit et déploie ses ailes, et j'ai hâte de voir ce que donnera son prochain polar, car si elle poursuit sur sa lancée, ça sera jouissif !