samedi 4 avril 2020

L'embaumeur d'Isabelle Duquesnoy

En cette période de crise sanitaire, une explication de texte autour de la thématique de l'embaumement n'est peut-être pas du meilleur goût. Néanmoins, pour ceux qui ont du temps pour lire et qui ont le moyen de se procurer ce roman, c'est un très bon passe temps, un poil moins anxiogène que La peste, même si un peu glauque aussi quand même.

Comme toujours, en ce qui est de trouver des petites perles, ma belle-soeur Audrey est de très bon conseil. Ici, on délaisse les romans policiers - quoi que - que j'affectionne tout particulièrement pour se plonger dans un roman plus historique, qui nous raconte l'histoire d'un embaumeur au XVIIIème siècle, post-révolution française. L'Histoire avec un grand H, histoire (avec un petit h) de sortir de sa zone de confort...


Titre : L'embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard   

Auteur : Isabelle Duquesnoy

Date de parution : août 2017

Éditions de La Martinière


Résumé : Victor - Victordu ou encore Victorticolis - est difforme. Non content de commencer dans la vie par une difformité, il est élevé par une mère qui lui reproche toute son enfance d'être venu au monde en étranglant son frère jumeau avec son cordon ombilical. Il était bien mal parti, Victor. Mais alors que son père trépasse et qu'il faut nourrir son infâme mère, il échappe miraculeusement à sa condition misérable en devenant embaumeur. Victor va alors passer sa vie au milieu de cadavres. Et en la matière, il excelle. Surtout qu'après la Révolution, ce ne sont pas les morts qui manquent, à Paris. 
Un roman qui commence devant les tribunaux : Victor étant promis à la guillotine, il se raconte. Pendant 11 jours. Ses penchants amoureux, son travail auprès des morts, le commerce des organes et le secret de sa fortune... et comment il est devenu l'homme le plus détesté de Paris. 

Mon avis : une vision riche et intéressante du Paris post-Révolution française, qui nous plonge dans un certain obscurantisme, que l'auteure maitrise à la perfection (elle a mis 10 ans à collecter toute la substantifique moelle nécessaire à la rédaction de cet excellent roman !). On est immédiatement happé dans l'univers glauque des embaumeurs de l'époque. On se divertit tout en apprenant sur un sujet que nous n'aurions jamais imaginé aborder... un sujet cru, mais immensément captivant, contre toute attente. 
Le petit plus : tout ce qui relie l'art de l'embaumement avec la peinture et la recherche de pigments de couleurs à l'époque, les organes des morts étant alors l'objet d'un trafic très lucratif... 
Au-delà de l'aspect historique, Isabelle Duquesnoy réussit le pari de nous faire nous attacher à ce Victor, anti-héros par excellence dont on ignore tout du crime jusqu'à la fin, crime qu'on intuite sans pour autant jamais l'imaginer. 
Toutefois, j'ai trouvé quelques passages vraiment dérangeants, et même s'ils ont le mérite d'être replacés dans un contexte historique, je n'ai pas toujours été à l'aise avec l'entièreté du roman.
En conclusion, L'embaumeur est un très bon roman historique, qui mérite d'être lu... sauf pour les âmes sensibles, qui peuvent s'abstenir. Un genre de Parfum à la Patrick Süskind - en un peu moins bien -, qui devrait en ravir les amateurs !







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