vendredi 20 décembre 2013

Les enfants des justes - Christian Signol

Chaque année, le 20 décembre, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Solidarité Humaine, Harmonie Mutuelle remet son Prix Solidarité.
Ce Prix récompense un roman de l'année passée, aux valeurs humanistes, de solidarité et d'entraide. Rien d'étonnant, donc, à ce que le roman Les enfants des justes de Christian Signol, ait été primé cette année.

Tous les ans, je lis le roman primé. Je l'attends avec impatience, car il m'emmène souvent sur des terrains que je ne connais pas du tout et m'ouvre donc de nouveaux horizons. 

Il faut quand même avouer que, sur les éditions précédentes, les grands gagnants étaient plus ou moins heureux. Certains étaient même carrément bizarres ou angoissants. 
Heureusement pour moi, et pour nous, le Prix Solidarité 2014 est vraiment un bon cru !


Titre : Les enfants des justes

Auteur : Christian Signol
"Christian Signol est, avec Claude Michelet, l'écrivain le plus populaire de l’École de Brive. C'est en 1984 qu'il a publié son premier livre, Les Cailloux bleus. Au rythme d'un roman par an ensuite, il a bâti une œuvre baignée par le parfum de la terre. Il est heureux de se dire l'héritier d'une longue ligne de gens courageux et fiers, originaire du Périgord par son père et du Quercy par sa mère. D'où des personnages d'une ampleur et d'une sincérité plus vraies que nature où le poids naturel des racines écrase les modes et le parisianisme le plus frelaté." (Source : Quercy.net)

Date de sortie : octobre 2012

Synopsis : C'est l'histoire d'un couple de périgourdins, pendant la seconde guerre mondiale, qui vit juste sur le cours de l'Isle, rivière qui symbolise la démarcation entre la zone occupée et la zone libre françaises. En zone libre, Virgile et Victoria Laborie acceptent volontiers de faire traverser, à l'aide de la barque de Virgile, ceux qui tentent de passer. Un jour, eux qui n'ont jamais pu avoir d'enfants, doivent faire traverser Sarah, puis Elie, 2 jeunes enfants juifs. Ils décident alors de les garder et de les cacher chez eux. Nait ainsi le risque, avec un grand "R" : les contrôles, la dénonciation... rien ne leur sera épargné. Virgile et Victoria font partie des justes qui, dans l'ombre, ont fait beaucoup pour le peuple juif pendant la guerre.

Mon avis :
  • Les plus : un vrai roman basé sur la solidarité. Émouvant et merveilleusement bien écrit, à travers une plume sensible et sincère, il nous transporte dans le quotidien de cette famille ordinaire mais pourtant si exceptionnelle. Comme beaucoup de romans sur le sujet qui ont connu un beau succès (Mon ami Frédéric, Mon bel Oranger...), la simplicité de son écriture fait du roman une perle de la littérature. Ça m'aurait vraiment plu de le lire à l'école, tant l'auteur écrit sobrement et se lit facilement. Amis professeurs, ce message est pour vous ! Christian Signol écrit aussi simplement et ordinairement que la vie des Laborie. Le résultat est comme eux : extraordinaire.
  • Les moins : comme tout les romans ou livres sur le sujet, le thème de fond reste lourd et douloureux. On revient vite à la réalité cruelle de l'Histoire, au travers de ces pages. Et nous, qu'aurions-nous fait ?

Note : 8,5/10

vendredi 6 décembre 2013

Tout seul - Raymond Domenech

Changeons de registre. Après les vampires ou la placardisation au travail, je suis passée au foot.

Ça fait plusieurs mois que ma chef nous raconte avec enthousiasme ses lectures sportives (Domenech, Zlatan...), et j'avoue que ma curiosité a été piquée au vif quant au livre de Raymond Domenech.

Depuis 2010, il faut avouer que j’exècre un peu (beaucoup) le foot en général, et l'équipe de France en particulier. Tous ces déballages ont cassé quelque chose chez la grande fan que j'étais, et je me suis finalement plongée corps et âme dans le rugby, sport qui me parait plus sein et emprunt de belles valeurs. Je n'ai pas encore été déçue.

Mais au-delà de ça, une fois la déception et la colère passées, on a tous eu besoin de comprendre : comment en est-on arrivé là ?

Comment est-on passé de 1998 à 2010 ? Comment un entraineur peut-il cristalliser autant de haine ? Comment en est-on venu à cautionner cette génération de footeux qui ne respectent plus rien, ni les supporters, ni le maillot ? Au-delà de Ribery ou Evra, comment nos héros de 1998 (Zidane, Henry) nous sont-ils - même eux - devenus détestables ? Que penser de Raymond Domenech (et là, je m'autorise à penser que tout le monde a cette opinion très négative de lui...) ?

J'avoue que je voulais savoir. Pour comprendre et tourner la page, pour les détails croustillants, pour pardonner... va savoir !

Alors oui, pendant longtemps, j'ai eu honte de lire ce livre, et j'ai repoussé l'échéance. Et puis l'opportunité (opportunisme ?) aidant, au détour d'un livre prêté, j'ai enfin pris le temps.
Et contre toute attente, j'ai ressenti une vraie satisfaction de l'avoir lu et j'ai aujourd'hui le sentiment de mieux comprendre ce qui s'est passé. J'ai désormais un nouvel avis, tout neuf et je recommande à tous les amateurs de foot, et même au autres, de lire ce livre.

Intelligent, bien écrit, simple... il tient ses promesses !


Titre : Tout seul

 Auteur : Raymond Domenech

Date de sortie :  Novembre 2012

Synopsis : de sa nomination au poste de sélectionneur de l'équipe de France au cauchemar de Knysna en 2010, Raymond Domenech raconte les faits : ce qu'il a vécu et comment il l'a vécu. Il distille les notes de son journal de bord et nous livre un témoignage poignant de ces années mouvementées. Entre la joie immense de mener l'équipe de France à la finale du Mondial 2006 à l'échec cuisant de 2010, nous découvrons l'équipe de l'intérieur. Ce qui a marché, ce qui a changé, ce qui a sombré. Loin de tirer sur l'ambulance, Raymond Domenech nous narre sobrement sa vision des faits, toute nue.


Mon avis :
  • Les plus : ce qui marque dans ce livre, c'est l'objectivité ressentie tout au long du témoignage de Raymond Domenech. Pas de victimisation, comme on aurait pu le penser, pas de propos à charge. Si Raymond Domenech admet volontiers avoir fait des erreurs, notamment dans sa communication, il essaie avant tout de transmettre sa vision d'une équipe. Une volonté de construire un collectif : 1) en y intégrant les anciens (Zidane, Thuram, Henry qui, on le comprend, sont comme des fils qu'il a vu grandir depuis sa prise de fonctions à la tête des espoirs), 2) en protégeant coûte que coûte les joueurs des attaques incessantes venues de l'intérieur comme de l'extérieur. Il raconte aussi un fossé de génération, qu'il a pris de plein fouet, tout comme le reste du staff, tout comme les anciens. Le passage d'une époque qui valorise le respect des cadres à une époque qui place le "je m'en foutisme" et l'égoïsme sur un piedestal. Alors oui, on apprend des choses sur la face cachée de certains joueurs pourris gâtés : qu'a dit Anelka dans ce vestiaire ? Qui sont les mutins de Knysna ? Que s'est-il passé pour que Zidane pète un plomb ? Ne nous mentons pas, ça répond à nos bas instincts voyeuristes pour lesquels on a lu le livre.  Mais, pour moi, ce n'est pas ce qu'il faut retenir. C'est avant tout la vision de Raymond Domenech, son projet, ce pour quoi il s'est battu. On comprend et on adhère. Moi qui travaille dans les relations presse, je n'avais pas idée du rôle des médias dans cette décadence. C'est un livre à la fois très dur, très triste et même désespéré. Un témoignage d'une faillite inéluctable. Domenech ressort clairement grandi d'un tel livre. Grandi par sa clairvoyance, son intelligence, son dévouement hors du commun qu'il nous transmet à travers ce témoignage poignant et humainement fort.
  • Les moins : Malgré le sentiment aussi d'avoir compris l'homme, ressort la prise de conscience du parcours monumental qui reste à faire pour réhabiliter le foot et l'ancien sélectionneur auprès du grand public... Monsieur Domenech, vous me faites aimer votre amour du foot, mais je n'y retournerai pas. L'étincelle s'est éteinte...

Note : 8/10