samedi 24 avril 2021

Le jour où Kennedy n'est pas mort de R. J. Ellory

Cette semaine, je vais vous parler d'un livre découvert totalement par hasard, sur une étagère. J'ai été tentée pour 2 raisons : son auteur, R. J. Ellory, romancier de talent, et son titre intriguant. Le jour où Kennedy n'est pas mort. 

La promesse d'une uchronie. Une uch... quoi ? En faisant le choix de ce roman, j'ai succombé à un genre particulier, dont je découvrais le terme pour la première fois, l'uchronie. Le récit d'événements fictifs à partir d'un point de départ historique. L'auteur d'une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l'issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. 

Quelques exemples de séries uchroniques récentes : The man in the High Castle, adaptée du roman de Philip K. Dick, qui décrit un monde alternatif dans lequel l'Allemagne nazie, le japon et l'Italie fasciste ont remporté la Seconde guerre mondial. La série For all mankind, quant à elle, imagine le cosmonaute russe Alexeï Leonov marcher sur la lune avant le premier américain... 

Je pense que vous avez saisi le concept. Dans le cadre de ce roman, le postulat de départ était le suivant : et si J. F. Kennedy n'avait pas été assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas ? Le tout sur fond d'enquête policière... la R.J. Ellory's touch !


Titre : Le jour où Kennedy n'est pas mort

Auteur : R.J. Ellory

Date de parution : juin 2020

Editeur : Sonatine

Genre : thriller uchronique


Résumé : le 22 novembre 1963, le cortège présidentiel de John F. Kennedy traverse Dealey Plaza. Lui et son épouse, Jackie, saluent la foule, quand soudain... quand soudain rien : le Président ne mourra pas ce jour-là. En revanche, peu après, le photojournaliste Mitch Newman apprend le suicide de son ex-fiancée, Jean boyd, dans des circonstances inexpliquées. Le souvenir de cet amour chevillé au corps, Mitch tente de comprendre ce qu'il s'est passé. Découvrant que Jean enquêtait sur la famille Kennedy, il s'aventure peu à peu dans un monde aussi dangereux que complexe : le coeur sombre de la politique américaine. Sexe et manipulations, mensonges et assassinats... dans cette histoire alternative, JFK semble avoir échappé à son destin. Mais pour combien de temps ?

Mon avis : Le jour où Kennedy n'est pas mort est un thriller plutôt correct, facile à lire. On ne décroche pas. Au-delà du mystère sur la mort de Jean Boyd, on découvre les coulisses du pouvoir et la face cachée de Kennedy. On apprend beaucoup en lisant, et notamment sur l'envers de la légende Kennedy, un Président à l'image largement édulcorée par les médias. Et qui, du fait d'un assassinat précoce, est auréolé depuis des décennies d'une image immaculée. Pourtant, drogué aux médicaments du fait de nombreux problèmes de santé, collectionneur de femmes, derrière le charme et l'image de gendre idéal qu'il nous a laissé avec le temps, se cache un autre JFK plus méconnu et plus sombre. Sur ce point, pari réussi pour R. J. Ellory.

Mais le problème d'une uchronie, c'est que si l'on ne maîtrise pas l'histoire de base, on a du mal à en comprendre les subtilités, les écarts, les références historiques... et c'était mon cas. Je suis trop jeune pour avoir vécu la saga Kennedy en "live" et les Etats-Unis sont encore trop éloignés de la France pour qu'on en explore les détails historiques à l'école. De ce fait, j'ai eu du mal à avoir le recul nécessaire pour apprécier le roman, avec une certaine limite à distinguer le vrai du faux, générant une certaine frustration à la lecture. 

Par ailleurs, si l'on se pose deux secondes sur l'intérêt de faire de ce roman une uchronie, je n'y ai pas vu l'intérêt. Le Jour où Kennedy n'est pas mort n'a d'uchronique que le synopsis de base. On aurait tout à fait pu imaginer la même histoire du vivant du Président.  L'uchronie n'apporte ici pas grand chose au roman, et c'est bien dommage. 

Concernant le volet "polar", l'histoire est sympathique, mais on se perd dans les tergiversations amoureuses du protagoniste et la conclusion ne nous fait pas sauter au plafond. Roman sympathique, donc, mais pas exceptionnel.