samedi 29 août 2020

La saga du soleil noir d'Eric Giacometti et Jacques Ravenne


Après une longue coupure estivale, me voilà d'attaque pour la rentrée. Et comme chaque année, je vais vous faire un debrief de mes lectures estivales... enfin presque. Parce que j'ai 2 ans de retard dans mes chroniques et, qu'avec 2 enfants en plus, mes lectures estivales se réduisent comme peau de chagrin. 

Mais j'ai quand même eu le temps de bouquiner un peu cet été - merci les trajets en voiture - et parmi plusieurs lectures plutôt mitigées je vous ai dégoté une petite perle, La saga du soleil noir. Je commence donc par vous chroniquer celle-ci, car si vous ne connaissez pas, il est urgent de découvrir !


Titre : La saga du soleil noir

Auteurs : Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Date de parution :

  • Tome 1 - Le triomphe des ténèbres : 4 avril 2018
  • Tome 2 - La nuit du mal : 15 mai 2019
  • Tome 3 - La relique du chaos : 3 juin 2020
Éditeur : JC Lattès

Genre : historique / ésotérique


Résumé : le dernier né des Giacometti / Ravenne, qui met, le temps d'une saga, au repos le personnage emblématique et récurrent d'Antoine Marcas (enfin presque, puisque les auteurs ont choisi comme protagoniste le père d'Antoine). 
Deuxième guerre mondiale. Hitler est au pouvoir. Le Reichsführer Himmler, maître absolu de la SS, fonde l'Ahnenerbe ("Héritage ancestral"), une organisation qui a pour objet de démontrer historiquement, anthropologiquement et archéologiquement la supériorité de la race aryenne à travers les âges. Lors des recherches, le Colonel Weistort, aux commandes de l'Ahnenerbe, découvre l'existence de 4 swastikas millénaires dont le pouvoir ancestral peut permettre au Reich de changer la face du monde. Il ne reste plus qu'à mettre la main dessus. Une course contre la montre débute alors entre les allemands et les services secrets alliés, dont l'issue aura une influence majeure sur les événements à venir.

Mon avis : grandiose ! Un excellent roman historico-esotérique, à mi-chemin entre Indiana Jones et Dan Brown, mais le tout version française... car il faut être fier de ce qu'on sait produire de mieux ! Un roman qui tient en haleine de la première à la dernière page, et qui, malgré un genre largement traité ces dernières années, arrive encore à nous surprendre et à nous scotcher. J'ai fortement apprécié le système d'annexes très malin mis en place par les auteurs pour démêler le vrai du faux : on se fait plaisir tout en apprenant tout un tas de choses méconnues sur la seconde guerre mondiale. Même si déjà le premier tome nous happe dès les premières lignes, la trilogie monte crescendo et finit en apothéose. C'est du grand art pour un roman du genre. Aucune maladresse, aucune fausse note. On aurait juste aimé un quatrième tome, rien que pour faire durer le plaisir ! 









samedi 27 juin 2020

L'été circulaire de Marion Brunet


Encore une auteure que j'ai découvert au hasard du Salon du livre de Saint Maur des Fossés. Conseillée par ma belle-mère. Une jolie rencontre avec une romancière encore étonnée d'être là et d'être félicitée par ses lecteurs. Une personne douce, humble, souriante. Ça m'a donné envie d'acheter son livre et de découvrir. 


Titre : L'été circulaire

Auteur : Marion Brunet

Date de parution : avril 2019

Éditeur : Albin Michel



Résumé : Jo et Céline sont 2 soeurs, adolescentes. Elles ont 15 et 16 ans et vivent une vie de fêtes foraines, de centres commerciaux et de descentes nocturnes dans les piscines des villas cossues du Midi. Mais très vite, cette vie faite d'insouciance s'envole en éclats. Céline est enceinte. Elle ne veut pas dire qui est le père. Son paternel, sanguin, est prêt à en découdre, quitte à commettre l'irréparable...


Mon avis : une jolie plume, mais une histoire bien trop sombre. Un drame qui a vocation à montrer les gens, nus, tels qu'ils sont dans leur ignorance et leur fierté, à travers leurs destins tragiques. Des enfants qui reproduisent la vie de leurs parents. Une vie qu'ils faisaient tout pour fuir. Le soleil chaud et réconfortant du Lubéron laisse place à un récit noir, glaçant, qui éteint toute la candeur du début du roman. C'est un récit sur les petites gens. C'est un roman sur des vies ratées. 
Ce livre m'a laissé un sentiment plutôt mitigé car, de par son fond éminemment social, je n'y ai pas trouvé l'évasion recherchée, mais plutôt un profond sentiment de malaise. Une déception aussi de par la classification du roman : considéré comme un policier, nous sommes plutôt ici dans le drame sociale et je n'y ai donc pas trouvé mon compte. 
En conclusion, un style très prometteur, mais un univers qui n'est clairement pas le mien





samedi 30 mai 2020

Capitaine Frites d'Arnaud Le Guilcher

D'Arnaud Le Guilcher, j'avais déjà lu En moins bien, un OVNI littéraire comme on n'en avait plus vraiment fait depuis Fantasia chez les ploucs. Même genre. Décalé. Caustique. Cynique. Poilant.
Je n'avais pas autant accroché à ce premier roman que mon père et mon frère, mais il fallait avouer qu'il avait du style, le jeune auteur. 

Et puis j'étais passée à autre chose. Je n'avais pas vraiment prévu d'y revenir. Pas que je n'avais pas aimé, mais j'étais passée à autre chose et je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de relire un Arnaud Le Guilcher. Jusqu'à l'an dernier. 

Remettons-nous dans le contexte. Salon du livre Saint Maur en Poche. Un beau week-end ensoleillé. J'avais convaincu mon père de faire une virée à Saint-Maur-des-Fossés, pour nous rendre à cet incroyable Salon littéraire de plein air 100 % gratuit. Avec des auteurs accessibles et des montagnes de livres de poches. Le paradis, en somme. J'avais mes auteurs, mon père avait les siens. On s'est échangé les bons plans, et je suis repartie avec une tonne de bons bouquins. Dont Arnaud Le Guilcher. Capitaine frites. Dédicacé. 
J'ai adoré la personne. Aussi intéressante et tourmentée que ses romans. D'une générosité à toute épreuve. J'ai adhéré à l'homme, j'ai ramené un des ses bouquins à la maison. 

J'espère qu'il sera là l'année prochaine, je dévaliserai son stand ;) Ça tombe bien, il me reste un certain nombre de ses romans à dévorer.


Titre : Capitaine frites

Auteur : Arnaud Le Guilcher

Date de parution : août 2016

Éditeur : Robert Laffont


Résumé : Arthur vient de divorcer. Un divorce qui pourrait se qualifier de cauchemardesque, et ça reste un euphémisme. Alors il décide de fuir. Loin. Très loin de Paris. À Yabaranga, capitale chaotique du Konghia, un pays imaginaire d'Afrique centrale. C'est là que tout part en vrille. Il se retrouve pris entre un Président totalitaire domicilié dans une immense tour jamais achevée, une bande de rastas blancs, des tamanoirs envahissants, et des envies d'élevages du plus grand poisson d'eau douce jamais recensé. Alors qu'il commence à se faire à cette nouvelle vie burlesque mais pas désagréable, une ombre vient noircir le tableau : son ex-femme débarque...

Mon avis : sur le papier, Capitaine frites ne casse pas trois pattes à un canard. La quatrième de couverture, bien que sympathique, ne m'avait pas fait sauter au plafond, et ce n'est que quelques mois plus tard que je me décidais à lire ce roman. Et j'ai pris une vraie claque. L'écriture est magistrale, le garçon a un vrai talent. C'est improbable, insolite, ubuesque... du rarement vu. Cynique, mais désopilant. Qu'est-ce qu'on rigole ! Dopez vos zygomatiques avant de commencer le livre, sinon vous aurez des crampes de première classe. Qu'est-ce qu'on est bringuebalé dans ce bouquin, mais qu'est-ce qu'on se délecte ! Un vrai petit bijou. Une cure de bonne humeur. On ne lâche pas le roman du début à la fin, fin qui arrive un peu trop vite, d'ailleurs. On aurait bien demandé un peu de rab. Bref, un roman à l'image de son auteur : cynique, un peu paumé, mais réconfortant et empreint de générosité. Moi, perso, j'achète, et plutôt deux fois qu'une !!





samedi 23 mai 2020

Au soleil redouté de Michel Bussi

Comme toujours, pas mal de retard sur ma critique du nouveau Michel Bussi. Alors que, comme toujours, je l'ai acheté dès qu'il est sorti. Et comme toujours, je l'ai dévoré.

Alors pourquoi, comme toujours, j'ai traîné pour vous le commenter ? Hésitante, peur de ne pas arriver à vous transmettre tout ce que ce roman m'a communiqué, peur de ne pas être à la hauteur... voilà pourquoi.

Comme toujours, j'ai abordé ce roman en me disant : "cette fois ci, il ne m'aura pas. Je vais comprendre, avant la fin". Comme toujours, j'ai eu tort. 

Il est énervant, Michel Bussi. Même s'il a des hauts et des un peu moins hauts (jamais vraiment de bas), même si on commence à se dire qu'il va épuiser le genre, il réussit toujours à nous surprendre. A nous faire aller là où il veut qu'on aille. On se fait toujours prendre et on aime ça.

Il en a des histoires en rayon. Je ne sais pas quand il s'essoufflera, mais pas tout de suite, apparemment. 


Titre : Au soleil redouté

Auteur : Michel Bussi 

Date de parution : février 2020

Éditeur : Presses de la Cité


Résumé : cinq lectrices ont gagné un concours. Elles vont suivre pendant une semaine, en huis clos sur l'île des Marquises Hiva Oa, l'atelier d'écriture de Pierre-Yves François, romancier à succès. A sa demande et dans le cadre de cet atelier, elle vont toutes les 5 devoir écrire leur bouteille à la mer. "Avant de mourir, je voudrais...
Mais très vite, tout s’enchaîne. L'écrivain disparaît. Et petit à petit, les 5 lectrices vont se retrouver en danger de mort. A chaque disparition, à chaque cadavre, une lettre posée en évidence. La bouteille à la mer de la prochaine victime...  

Mon avis : en lisant la 4ème de couverture, j'étais certaine que Michel Bussi voulait nous revisiter Les 10 petits nègres d'Agatha Christie. Un huis clos, sur une île, avec un groupe de personne tuées une à une. Il y avait de quoi faire la comparaison, surtout que Michel Bussi ne s'en privait pas, au sein même de son propre roman. Et quelle comparaison ! Le chef d'oeuvre du polar. L'un des plus grand roman de madame Christie, avec Le crime de l'Orient Express ou encore Le meurtre de Roger Ackroyd. Les premiers romans policiers au twist final de génie. La crème de la crème, à laquelle Maître Bussi ne semblait pas avoir peur de s'attaquer. Il se frottait à du lourd, l'ami Bussi, en osant la comparaison. Et forcément, j'avais peur d'être déçue. 
Puis, comme toujours avec lui, en entrant dans le roman, je me laissais immédiatement porter par l'histoire, en me disant alors qu'il serait bien temps de voir ce qu'allait donner le dénouement. Les personnages ont tous leurs aspérités, qui les rendent touchants, irritants, désagréables, émouvants... mais en tout cas on s'attache. On espère que certains mourrons les premiers, pour que ceux que l'on préfère aient encore une chance. On espère aussi que ceux que l'on aime bien ne soient pas des assassins... Et puis on commence à se laisser bercer par l'histoire, l'atmosphère des Marquises, les références poétiques à Jacques Brel et à Paul Gauguin... et on se laisse endormir. 
Et là, comme toujours, Bussi nous sort son coup de maître ! Je n'ai absolument rien vu venir. Pourtant, il est évident, limpide ce twist. Mais comme toujours, Bussi a réussi à nous détourner de l'essentiel, on se laisse prendre. Les derniers chapitres, je les ai passés à me dire "c'est pas possible, il m'a encore eue". Et pourtant, on aurait pu comprendre. On aurait dû... et vous, devinerez-vous ?




samedi 16 mai 2020

Né sous une bonne étoile d'Aurélie Valognes

Petit à petit, votre petit oiseau préféré rattrape son retard en matière de best sellers. Et cette semaine, je vous fais découvrir, pour ceux qui comme moi ne la connaissent pas, Aurélie Valognes, une auteure bel est bien installée dans la liste des romanciers français qui se vendent le plus. 
Faisant partie de la nouvelle tendance d'auteurs "feel good", elle a su trouver en quelques années sa place dans le paysage littéraire hexagonal.

Quant à moi, et bien je n'avais jamais franchi le pas... en partie à cause des couvertures trop flashy de ses romans, qui ne m'ont jamais donné envie d'aller plus loin. 

Mais en ces temps de confinement où l'on trouve l'évasion dans nos bon vieux bouquins, j'ai décidé de tenter l'aventure. En choisissant complètement au hasard l'un de ses romans parmi les suggestions d'un site d'ebooks. Au pif. Sans a priori. Je n'avais même pas lu la quatrième de couverture, et je me lançais à l'aveugle. Pour découvrir un vrai petit bijou. 


Titre : Né sous une bonne étoile

Auteur : Aurélie Valognes 

Date de parution : mars 2020

Éditeur : Mazarine


Résumé : Gustave n'est pas vraiment ce que l'on pourrait qualifier de bon élève. Cadet d'une famille de 2 enfants, sa grande sœur, passée avant lui, a toujours suscité l'admiration de ses parents et de ses professeurs. Sur ce point, Gustave souffre nettement de la comparaison. Il n'est pas prêt, comme son aînée, de quitter sa cité pour de grands projets d'avenir. Pourtant il s'accroche. Il veut faire la fierté de sa mère. Mais dès le premier jour dans sa nouvelle école primaire, son instituteur le prend en grippe. Il est catalogué fainéant, bon à rien... ou alors juste bon pour le décrochage scolaire. Jusqu'à ce qu'au collège, une prof s'accroche pour 2 et fasse tout son possible pour lui faire reprendre le goût de l'apprentissage...

Mon avis : une petite pépite de douceur. On a tous - ou presque, il reste quelques malchanceux - connu un ou une prof qui nous a fait aimer l'école ou une matière, et ce roman est un peu comme notre madeleine de Proust scolaire. Même si je n'ai jamais été mauvaise à l'école, j'ai moi aussi le souvenir d'instituteurs et de professeurs incroyables, dans plein de belles matières. Je reste intimement convaincue que nous, adultes, en sommes là en partie grâce ou à cause de ces personnes qui ont jalonné notre vie d'enfants et d'adolescents. 
Quant à Gustave... lui, il essaye, mais il a du mal. Comme beaucoup d'enfants finalement. Trop vite catalogués fainéants ou cancres. On connait tous des Gustave. C'est pour ça qu'immédiatement, on s'attache à ce personnage et on aimerait tant qu'il réussisse. On voudrait y croire avec lui, même quand tout semble perdu. Néanmoins, toute la première moitié du roman se résume dans l'échec de Gustave. Au début, on en vient même à se demander pourquoi on lit ce roman qui est assez, disons-le, désespérant
C'est alors que tout s'illumine, tout s'éclaire. Avec une main tendue. Et on vit la seconde moitié du roman, un peu à l'instar de Gustave, comme une renaissance. Et la magie opère. 
On referme le roman avec une sacré larmichette, tant il imprime sa marque et reste en nous, même une fois fini. Ça faisait longtemps qu'un roman ne m'avait à ce point émue. Je ne sais pas si tous les romans d'Aurélie Valognes sont aussi bien construits, aussi poétiques et aussi beaux, mais je ne demande qu'une chose : vérifier !



samedi 9 mai 2020

Un si long silence de Sarah Abitbol

Cette semaine, un sujet un peu moins léger, mais qui reste important dans le contexte "me too", et que la crise du Covid-19 ne saurait faire oublier : celui des violences sexuelles dans le monde du sport. 

Avec cette autobiographie, Sarah Abitbol, patineuse largement récompensée en couple avec son acolyte et compagnon de l'époque Stéphane Bernadis, nous fait part de l'enfer qu'elle a vécu durant des années, alors que son entraîneur l'a violée à plusieurs reprises sous le nez de tous, alors qu'elle était encore mineure. Au-delà d'un énorme loup soulevé dans le monde du patinage artistique - Gilles Beyer ou Monsieur "O", comme elle l'appelle dans son livre, n'en étant pas à son coup d'essai -, la courageuse Sarah Abitbol, qui a réussi à faire tomber une institution que beaucoup croyaient inamovible, fait exploser le monde sportif dans son ensemble. 

Car le patinage artistique n'est que la partie immergée de l'iceberg sportif... un monde où les jeunes filles, qui donnent leur vie de préa-adolescente et d'adolescente à leur sport, feraient tout pour conquérir leur rêve de médaille... et où des immondes porcs savent en profiter car le pouvoir de donner vie à leur rêve est entre leurs mains...


Titre : Un si long silence

Auteur : Sarah Abitbol

Date de parution : janvier 2020

Éditeur : Plon


Résumé : " Vous étiez mon entraîneur. Je venais d'avoir quinze ans. Et vous m'avez violée. 
Il aura fallu attendre trente ans pour que ma colère cachée se transforme enfin en cri public. Vous avez détruit ma vie, monsieur O., pendant que vous meniez tranquillement la vôtre. Aujourd'hui, je veux balayer ma honte, la faire changer de camp. Mais je veux aussi dénoncer le monde sportif qui vous a protégé, et vous protège encore à l'heure où j'écris ces lignes. Quand j'ai voulu parler, à plusieurs reprises, je n'ai pas pu le faire. Aujourd'hui, avec ce livre, je sors de ce silence assassin. Et j'appelle toutes les victimes à en faire autant. "

Mon avis : un récit édifiant et glaçant, qui en a surpris plus d'un parmi les amateurs de sports de glace. Nous autres, téléspectateurs, n'avons vu pendant des années que la beauté du sport, l'abnégation des athlètes qui donnent tout pour réussir et pour faire de leur don un art. Nous avons certes aussi vu des doutes et des contre-performances... mais nous avons, à l'époque, pensé qu'ils étaient du domaine sportif, sans savoir que derrière ces failles se cachait tant de noirceur. De Sarah, avec qui je me suis entraînée dans ma toute petite jeunesse à la patinoire de Bercy, dans le club des Français Volants, je ne me souviens que d'une jeune fille brillante et souriante. A l'époque, elle n'avait pas vécu ce qu'elle allait plus tard nous raconter dans Un si long silence. Ma mère me dit aujourd'hui qu'elle trouvait déjà à ce moment-là son entraîneur, qui traînait toujours autour de la patinoire, antipathique et malsain... mais en réalité, nous n'avons rien vu, nous ne pouvions pas imaginer. Mon dieu, que le choc est rude ! 
Et même des années après, quand j'allais voir les galas de la tournée française des patineurs, je n'ai jamais senti la détresse de la belle et souriante Sarah. Je n'ose pas imaginer ce qu'elle - et son entourage, qui n'a rien vu non plus - a du vivre. Par quoi ils sont passés. La part d'ombre - mais aussi de responsabilité - qu'ils ont tous dû porter. Ce livre, c'est une bombe, une pierre qui plombe... 
Quel courage d'avoir osé enfin rompre ses chaines et dire tout haut ce que tous voyaient tout bas, sans pour autant faire quoi que ce soit, même quand Sarah a commencé à demander des soutiens. Les gens sont souvent lâches, et ceux qui savaient mais qui ont préféré protéger les forts, encore plus. Ils sont à gerber. Sarah est superbe, elle a gagné, et ceux qui la suivent aujourd'hui dans cette voie devraient la remercier d'avoir tenu bon alors qu'il aurait suffit d'un rien pour l'enterrer, l'humilier, pour la faire taire. 
Un fait est à noter dans cette histoire : ce sont les journalistes qui ont porté la voix de Sarah et tant d'autres. Sans eux, il aurait été facile de tout étouffer, de laisser les manettes aux gens de pouvoir... mais dans ce mouvement "me too", il n'est désormais plus possible d'user des sales ficelles d’antan. Les porcs n'ont qu'à bien se tenir et les victimes peuvent désormais libérer leur parole.
Ce livre est une ode au courage. Il doit être lu, car le déni ne fait pas progresser la société. Il m'a émue, fait pleurer plus que de raison, m'a donné envie de vomir, mais je suis aussi plus forte de l'avoir lu, de m'être forcée à le lire. Il raconte simplement, avec les mots d'une petite fille brisée devenue adulte, l’indicible. Sarah, bravo et merci. J'espère que maintenant vous pourrez dormir et vivre, vous le méritez. Votre médaille, la médaille d'une vie, c'est aujourd'hui que vous l'avez remportée. Et vous l'avez offerte à toutes les jeunes sportives pour des générations à venir. MERCI.




samedi 2 mai 2020

Tu tueras l'ange de Sandrone Dazieri

Après Tu tueras le père, thriller classique mais efficace de l'italien Sandrone Dazieri, que j'avais bien aimé mais sans plus, j'ai décidé de lire son second roman.

Une deuxième chance pour un style que j'avais trouvé plutôt bon, mais glauque (en fait, je pense que je n'aime pas trop les thrillers) et sans réelle surprise. Un roman dans la veine de la majorité des thrillers, en somme.

Peut-être que ce second roman, tout autant loué par les libraires, me séduirait-il plus, me disais-je.

Petite anecdote : entre le moment où j'ai lu le roman et où je publie ce billet, j'ai eu la chance de rencontrer Sandrone Dazieri lors du Salon du livre Saint-Maur en Poche (encore et toujours ce merveilleux Salon littéraire). Après Jean-Christophe Grangé, j'en viens à me demander si tous les auteurs de polars sont aussi bizarres et renfermés. Pour Sandrone, cela peut certainement s'expliquer par la barrière de la langue, mais j'ai eu cette impression étrange qu'il n'a semblé s'ouvrir qu'après lui avoir dit que je ferai la chronique de son roman sur mon blog... un brin commercial comme approche, non ?





Titre : Tu tueras l'ange

Auteur : Sandrone Dazieri

Date de parution : mai 2017

Éditeur : Robert Laffont



Résumé : lorsque le TGV Milan-Rome arrive à quai, une macabre découverte est faite par la police : tous les passagers de la classe affaires sont morts. Alors que l'enquête s'oriente vers la piste de l'attentat, la commissaire adjointe Colomba Caselli, que nous avons découvert dans Tu tueras le père, est persuadée du contraire. Pour l'aider dans ses investigations, elle fait appel une nouvelle fois au nez fin de son acolyte Dante Torre. Ensemble, ils découvrent que le massacre du train n'est autre que l'énième épisode d'une longue série de meurtres perpétrés par une étrange figure féminine qui ne laisse aucune trace. Giltiné, l'ange des morts...



Mon avis : en préambule à cette critique, un petit conseil : si vous n'avez pas lu Tu tueras le père, commencez par là. Ça vous évitera les spoilers d'une part, et le premier tome est quand même bien meilleur !

Si l'entame de ce second roman est brillante et nous fait entrer dans le livre avec passion, force est de constater qu'au cours du thriller, l'élan s'essouffle. Sur ce point, le personnage de Giltiné n'y est pas pour rien. Antipathique, dérangeant, il n'a pas réussi à me captiver. Le roman tient essentiellement aux 2 protagonistes, Colomba et Dante, que l'on retrouve avec grand plaisir et qui sont encore une fois dépeints avec talent. Seulement cette fois-ci, nous les connaissons déjà et l'auteur n'a d'autre choix que de développer plus ce personnage de Giltiné, ce qui pèse sur l'ensemble. Se livre se laisse lire, j'ai trouvé le scénario un peu tordu et on est vite déçu, même si on ne lâche curieusement rien jusqu'au bout. Heureusement, le final, à la hauteur, donne malgré tout envie de découvrir le 3ème opus de cette trilogie, Tu tueras le roi, qui depuis le salon Saint-Maur en Poche, se trouve dans ma Pile à Lire.
En résumé, un thriller efficace, dans le pur style des thrillers noir que nous connaissons tous, mais un personnage central, Giltiné, auquel on accroche... ou pas...






samedi 25 avril 2020

"Le livre ou le film ? n°13" : Le Concile de pierre de Jean-Christophe Grangé

Comme je l'ai déjà évoqué, en matière d'auteurs de best-sellers, j'ai encore quelques trous dans la raquette et je suis bien souvent passée à travers certaines célébrités. C'est le cas de Jean-Christophe Grangé, dont je n'ai découvert le Vol des cigognes que sur le tard, cédant à l'insistance de mon mari, grand amateur de l'auteur. 

Il faut dire que de Grangé, je ne connaissais que les films, et je n'avais jamais vraiment été conquise par le peu que ceux-ci m'avaient donné à voir (dont L'empire des loups, Les rivières pourpres...). 
Surtout que, récemment, j'avais eu l'occasion de le rencontrer  au Salon du livre de Saint Maur en Poche, où j'avais été lui demander un autographe pour mon mari. J'en étais repartie avec une perception en demi-teinte (de Jean-Christophe Grangé, pas de mon mari), voire carrément négative : pas aimable, désabusé, une participation à un Salon qui semblait le "gonfler" pour rester polie... Du coup, j'avais une perception de l'auteur assez mitigée : "je suis célèbre, donc je vous emmerde", en quelques mots... Le genre qui me fait fuir radicalement.

Mais comme je suis tombée sur par hasard sur le Concile de pierre dans la PAL (Pile À Lire) de ma tante, et que je n'aime pas m'arrêter à une première impression, j'ai persévéré. Comme j'avais plutôt bien aimé le Vol des cigognes, bien que très - voire trop - glauque, je me suis dit "pourquoi ne pas retenter ?". 

Entrons donc à nouveau dans l'antre de M. Grangé... mais ne nous y attardons pas trop. 



Titre : Le Concile de pierre

Auteur : Jean-Christophe Grangé

Date de parution : août 2000

Éditeur : Albin Michel


Quelques infos sur le film :
  • De : Guillaume Nicloux
  • Avec : Monica Bellucci, Sami Bouajila, Moritz Bleibtreu, Elsa Zylberstein et Catherine Deneuve
  • Date de sortie : 2006






De quoi ça parle ?

Diane Thiberge adopte un enfant dans un orphelinat thaïlandais. Le petit Lu-Sian, dit Lucien. Elle ne se doute pas alors que sa vie va profondément changer, mais pas dans le sens où elle aurait pu l'imaginer. Une série de meurtres se produit dans son entourage et qui sont liés au petit garçon. Alors que Lu-Sian est enlevé, sa nouvelle mère se lance à sa recherche. Une recherche qui va la conduire sur les traces des ancêtres de l'enfant, en Mongolie, où une effroyable vérité l'attend. 



Le livre ou le film ?

En ce qui concerne le livre, le style est à la hauteur de l'image que je m'étais faite du bonhomme. Plutôt de bonne facture - tout ce qu'il faut pour faire un best-seller -, mais glauque et suffisant à souhait. Tout ce que le personnage m'avais laissé comme impression malaisante sur le Salon du livre de Saint Maur se retrouve disséminé dans ses écrits. 
Oui, Monsieur Grangé, le style est bon. Mais vous écrivez un peu toujours la même chose de la même manière, et vos histoires alambiquées sont finalement peu crédibles. Sans compter un fond désagréable et qui met mal à l'aise le lecteur, sans savoir vraiment quoi. Il parait que c'est le but... 
Grangé semble adorer l'entre deux : ici, le passage du thrilleur au fantastique. Pas moi. C'est un réel parti pris, mais qui rend l'ensemble un peu grossier et  m'a fait perdre le fil du roman.  

Néanmoins, ne jetons pas le Concile de Pierre à ce pauvre Grangé, car il y a bien pire : le film. Il est vrai que ce dernier partait sur un terrain tellement glissant, que je ne vois pas comment l'adaptation cinématographique aurait pu donner quoi que ce soit. Et inévitablement, ce film n'est vraiment pas une grande réussite, loin de là ! Il pointe du doigt une vérité propre à Jean-Christophe Grangé : ses adaptations sont ratées.  

En conclusion, si vous le souhaitez, vous pouvez lire le livre, qui se lit, mais qui - disons-le franchement -  ne changera pas votre vie !






samedi 18 avril 2020

L'intrusion de Quentin Lafay

Concernant ce livre, je l'ai découvert par hasard via un article du Figaro. J'ai toujours un peu de mal avec les romans conseillés par des journaux, car ils sont souvent soporifiques ou indigestes, ou encore trop grand public pour moi... mais parfois, grâce à un journaliste qui écrit un article éclairé et inspirant, on peut - et on doit - se laisser tenter.

Ce fut mon cas pour L'intrusion, de Quentin Lafay (ancienne plume de Macron) dont le thème, complètement d'actualité, et le bandeau "Je me suis fait pirater", ont tout de suite su retenir toute mon attention

En effet, cet ouvrage, inspiré de faits réels (les Macron Leaks), raconte comment un petit employé de bureau peut, en cliquant sur un simple lien qui se révèle être un malware, dévoiler au grand jour l'ensemble des secrets de son entreprise, mais également toute sa vie privée, et celle de ses contacts les plus proches. C'est l'histoire malheureuse de Quentin Lafay lui-même, romancée et réinventée à travers ce roman, qui nous fait réfléchir à la notion de vie privée à l'ère du numérique.

Et vous, que feriez-vous à la place de Gaspard, protagoniste malheureux du roman de Quentin Lafay ?


Titre : L'intrusion

Auteur : Quentin Lafay

Date de parution : février 2020

Éditeur : Gallimard


Résumé : Gaspard travaille chez Avicenne, une entreprise véreuse qui intervient dans l'ombre pour des politiques et des Etats, sur des sujets pas toujours légaux. Un jour, il reçoit, sur sa messagerie privée, un mystérieux mail de la part de l'une de ses collègues, l'invitant à cliquer sur une pièce jointe dont il devrait impérativement prendre connaissance. Curieux, il clique. Erreur fatale ! Il s'agit en fait d'un malware. Demain, toute sa messagerie sera étalée au grand jour. Demain, tout le monde connaîtra le contenu de ses mails personnels et de l'ensemble des fichiers de son entreprise. A priori, il n'a rien à cacher... mais, et si ses amis, avec lesquels il échange depuis plusieurs années, n'étaient pas dans son cas ? Et si sa boite n'était pas si innocente ? Par ricochet, tous ceux qui l'ont côtoyé depuis des années sont menacés... et ses liens avec eux dans le même temps...

Mon avis : un roman très intéressant, qui a le mérite de nous mettre face à nos responsabilités et de nous interroger sur le sens du terme "vie privée" à l'heure du tout numérique. Le livre est assez flippant et nous rappelle que, dans notre société de sur-information, nous sommes tous vulnérables. Même si nous avons le droit à l'oubli, Quentin Lafay nous scande qu'à l'heure d'Internet personne n'oublie rien, jamais.
Ce qui a 10 ans, 15 ans 20 ans... nous qui n'effaçons souvent rien de nos mails, que ferions-nous si tout ressortait au grand jour ? Paierions-nous le prix fort pour les propos d'une personne qui n'est plus vraiment nous mais qui l'est néanmoins ? Peut-on prendre pour argent comptant les pensées et les écrits de la personne que nous étions à ce moment-là, même si depuis, nous sommes devenus quelqu'un d'autre, que nous avons changé ? 
C'est exactement ce qui arrive à notre protagoniste et, si ce dernier récolte ce qu'il a semé, l'homme qu'il est aujourd'hui ne pense souvent plus le moindre mot de ce qu'il a pu écrire autrefois... Quentin Lafay, à travers sa (presque) fiction, ne nous fait pas réfléchir sur son cas, mais sur le nôtre. Que ferions-nous si nous étions exposés ?
Si le roman est prenant, haletant, on regrettera néanmoins un texte un peu court, une conclusion un peu hâtive, et un livre qui aurait mérité un peu plus d'approfondissement... et de profondeur.




samedi 11 avril 2020

Le cas zéro de Sarah Barukh

Le cas zéro est typiquement le cas d'un livre découvert par hasard, sur une plateforme de téléchargement. Intriguée par la couverture, j'ai alors cliqué sur le résumé. On est bien loin ici des polars ou romans d'aventure que j'ai l'habitude de lire et de vous commenter, mais un "je ne sais quoi" m'a convaincue d'acheter ce livre. Le fait qu'il soit inspiré de faits réels, peut-être, même si le sujet, l'apparition du Sida en France, est moins immédiat d'accès que certains best sellers. 

Quoiqu'il en soit, je me lançais dans la lecture du roman, sans savoir qu'au moment d'en rédiger la critique, nous nous trouverions dans une situation très similaire : l'apparition en France d'une pandémie qui s’avérerait internationale, les questions et errances  du corps médical ainsi que la peur face à l'invisible, les erreurs gouvernementales... Un livre qui n'aide pas vraiment à prendre du recul sur la situation actuelle, mais qui analyse, sans fard, un épisode clé de notre histoire médicale, vu de l'intérieur.


Titre : Le cas zéro

Auteur : Sarah Barukh

Date de parution : mai 2018

Éditeur : Albin Michel


Résumé : tout commence par un cas, incompréhensible et inquiétant. Une série de symptômes incohérents, jamais vu ensemble, mais d'une gravité extrême. Laurent Valensi, médecin à l'hôpital Saint-Louis, ne sait comment soigner son patient, Ali Benyoussef. Partagé entre sa famille, qui veut le protéger d'une possible contamination, et des responsables déterminés à enterrer l'affaire, il se lance dans une course contre la montre et contre la mort. Il est déterminé à sauver cet homme et à faire éclater la vérité : et si Ali Benyoussef était le patient zéro, en France, de la terrible épidémie qui fait rage aux Etats-Unis et que l'on commence à nommer "le cancer homosexuel" ? Une version romancée mais terriblement crédible de la gestion de l'arrivée du Sida en France...


Mon avis : difficile de faire une critique de ce roman sans faire de parallèle avec la crise sanitaire mondiale en lien avec le Covid-19. On y retrouve de nombreuses similitudes, entre le désarroi du corps médical, les autorités qui veulent minimiser l'impact médiatique d'une telle "épidémie", la souffrance et la peur des patients, la volonté de sauver la vie coûte que coûte de notre protagoniste, des questions qui laissent la place à encore plus de questions, l'ère de la désinformation, la bêtise humaine en réaction à l'inconnu... Plus d'un an après sa sortie, le livre est, plus que jamais, d'actualité. Même si l'histoire ce situe il y a quelques décennies et raconte l'histoire d'une maladie qui, depuis, est connue et commence à être maîtrisée... le roman raconte une vérité immuable ! La gestion humaine face à l'inconnu, ici dans le cadre d'une crise sanitaire d'une ampleur inégalée. Sarah Barukh raconte avec brio, sa vision de l'Histoire, dans un roman qui prend aux tripes et qui nous fait assister, impuissants, à un scénario qui nous échappe totalement. Entre espoir et désillusion, l'auteur nous promène dans une oeuvre qui ne saurait nous laisser indifférents et qu'on n'arrive pas à lâcher. On s'émeut pour le pauvre Ali benyoussef, on espère et on se bat aux côtés du Dr Valensi... J'ai adoré ce bouquin qui m'a transportée loin des sentiers battus, et qui se veut, au-delà des aspects factuels, plein d'humanité et touchant de mille façons...








samedi 4 avril 2020

L'embaumeur d'Isabelle Duquesnoy

En cette période de crise sanitaire, une explication de texte autour de la thématique de l'embaumement n'est peut-être pas du meilleur goût. Néanmoins, pour ceux qui ont du temps pour lire et qui ont le moyen de se procurer ce roman, c'est un très bon passe temps, un poil moins anxiogène que La peste, même si un peu glauque aussi quand même.

Comme toujours, en ce qui est de trouver des petites perles, ma belle-soeur Audrey est de très bon conseil. Ici, on délaisse les romans policiers - quoi que - que j'affectionne tout particulièrement pour se plonger dans un roman plus historique, qui nous raconte l'histoire d'un embaumeur au XVIIIème siècle, post-révolution française. L'Histoire avec un grand H, histoire (avec un petit h) de sortir de sa zone de confort...


Titre : L'embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard   

Auteur : Isabelle Duquesnoy

Date de parution : août 2017

Éditions de La Martinière


Résumé : Victor - Victordu ou encore Victorticolis - est difforme. Non content de commencer dans la vie par une difformité, il est élevé par une mère qui lui reproche toute son enfance d'être venu au monde en étranglant son frère jumeau avec son cordon ombilical. Il était bien mal parti, Victor. Mais alors que son père trépasse et qu'il faut nourrir son infâme mère, il échappe miraculeusement à sa condition misérable en devenant embaumeur. Victor va alors passer sa vie au milieu de cadavres. Et en la matière, il excelle. Surtout qu'après la Révolution, ce ne sont pas les morts qui manquent, à Paris. 
Un roman qui commence devant les tribunaux : Victor étant promis à la guillotine, il se raconte. Pendant 11 jours. Ses penchants amoureux, son travail auprès des morts, le commerce des organes et le secret de sa fortune... et comment il est devenu l'homme le plus détesté de Paris. 

Mon avis : une vision riche et intéressante du Paris post-Révolution française, qui nous plonge dans un certain obscurantisme, que l'auteure maitrise à la perfection (elle a mis 10 ans à collecter toute la substantifique moelle nécessaire à la rédaction de cet excellent roman !). On est immédiatement happé dans l'univers glauque des embaumeurs de l'époque. On se divertit tout en apprenant sur un sujet que nous n'aurions jamais imaginé aborder... un sujet cru, mais immensément captivant, contre toute attente. 
Le petit plus : tout ce qui relie l'art de l'embaumement avec la peinture et la recherche de pigments de couleurs à l'époque, les organes des morts étant alors l'objet d'un trafic très lucratif... 
Au-delà de l'aspect historique, Isabelle Duquesnoy réussit le pari de nous faire nous attacher à ce Victor, anti-héros par excellence dont on ignore tout du crime jusqu'à la fin, crime qu'on intuite sans pour autant jamais l'imaginer. 
Toutefois, j'ai trouvé quelques passages vraiment dérangeants, et même s'ils ont le mérite d'être replacés dans un contexte historique, je n'ai pas toujours été à l'aise avec l'entièreté du roman.
En conclusion, L'embaumeur est un très bon roman historique, qui mérite d'être lu... sauf pour les âmes sensibles, qui peuvent s'abstenir. Un genre de Parfum à la Patrick Süskind - en un peu moins bien -, qui devrait en ravir les amateurs !







samedi 28 mars 2020

T'en souviens-tu, mon Anaïs ? et autres nouvelles de Michel Bussi

D'un côté, mon amour inconditionnel pour Michel Bussi. De l'autre, ma sainte horreur du format "nouvelles"... 

Aussi, quand Michel Bussi a annoncé la sortie d'un recueil de nouvelles, mon coeur balançait. En effet, je trouve ce format court peu propice aux beaux développements, aux histoires construites, à un maintien en haleine... surtout en ce qui concerne les romans policiers, qui nécessitent plus que les autres une construction sans faille, un fil développé petit à petit, sur la durée, pour entretenir le mystère et le suspense propre au genre...

Sans compter que sur ses tentatives de nouvelles dans les recueils des Restos du coeur 13 à Tables, le romancier ne m'avait pas transportée, à l'inverse d'autres auteurs plus aboutis dans ce genre littéraire, comme Maxime Chattam ou Bernard Werber.

C'est pourquoi j'entamais la lecture de T'en souviens-tu, mon Anaïs ? et autres nouvelles avec défiance et circonspection.


Titre : T'en souviens-tu, mon Anaïs ? et autres nouvelles

Auteur : Michel Bussi

Date de parution : Janvier 2018

Éditeur : Pocket


Résumé : sur un coup de tête, Ariane a tout quitté pour s'installer avec sa fille Anaïs à Veules-les-Roses, charmant petit village normand, où vivent les parents de son ex-compagnon, le père d'Anaïs. Cette fuite n'est pas sans rappeler celle, plus d'un siècle plus tôt, d'Anaïs Aubert, fameuse actrice de la comédie française, qui, dit-on, vint cacher dans ce havre de paix un lourd secret. Se sentant observée dans sa propre maison, Ariane perd peu à peu le fil de la raison...
Trois autres nouvelles, plus courtes, complètent le recueil : L'armoire normande, Vie de grenier et Une fugue au paradis. 

Mon avis : la première nouvelle, trop longue (une centaine de pages), ne m'a pas particulièrement happée. Si j'admets qu'elle est bien construite et que l'intrigue est in fine intéressante et bien pensée, je me suis un peu ennuyée. Le texte est trop long pour une nouvelle, trop court pour un roman. Michel Bussi s'y perd un peu et s'y mélange les styles. L'entrée en matière, avec T'en souviens-tu, mon Anaïs ? était donc un peu décevante, même si le dénouement était plutôt bien imaginé et les références à Victor Hugo intéressantes. Des références qui confèrent, d'ailleurs, à cette nouvelle une certaine profondeur.
Les 3 nouvelles suivantes m'ont plutôt bien plues, bien qu'un peu courtes, ce qui a pu donner à celles-ci le sentiment d'un traitement expéditif. J'ai beaucoup aimé l'approche de L'armoire normande et d'Une fugue au paradis, qui nous baignent dans l'univers et le style propres à Bussi, et pour lesquelles l'auteur semble avoir trouvé une partie des clés de construction d'une bonne nouvelle. Toutefois, avec un sentiment de trop peu. 
En conclusion, des nouvelles inégales : certaines savoureuses, d'autres plus fades. Je ne suis pas conquise par ce recueil, qui dessert pour moi l'oeuvre de Michel Bussi.