samedi 27 avril 2019

On la trouvait plutôt jolie - Michel Bussi

Retour à mes amours littéraires avec On la trouvait plutôt jolie de Michel Bussi. Et comme il n'est jamais trop tard pour commenter un bon bouquin, zoom sur cet excellent polar sorti en librairie en 2017. 

Dans ce roman-ci, Michel Bussi délaisse une nouvelle fois la Normandie chère à son cœur pour nous emmener sur les terres marseillaises. Pourquoi pas. 
Je suis moins fan de ses romans qui cherchent le soleil, à l'instar de Ne lâche pas ma main (Réunion) ou encore Le temps est assassin (Corse), mais rien que son titre, qui comme beaucoup de ses romans est inspiré d'une chanson française, me donnait l'eau à la bouche. 

On la trouvait plutôt jolie, quelle merveilleuse référence à la superbe chanson de Pierre Perret, Lily. Une très belle interprétation des obstacles à l'immigration en France, d'une actualité toute redoutable malgré une chanson datant de 1987 ! Et justement, le roman de Michel Bussi parle de ça. De Leyli, une immigrée africaine à Marseille. Entre autres. Un très bel hommage, malgré un univers bien différent de ce à quoi l'auteur normand nous avait habitué. Quoiqu'il en soit, ce changement de cadre n'était pas pour me déplaire, l'auteur commençant à devenir moins novateur au fil de ses romans... ou peut-être est-ce juste parce que je commence à en connaître trop parfaitement certaines ficelles à force de le dévorer ?

Du coup, mon amour immodéré pour Pierre Perret oblige, je me mets en condition pour écrire ce billet. Direction Deezer pour une petite écoute de Lily (suivie du reste d'un best of de ce parolier d'exception, tantôt grave, tantôt pitre, un mélange savamment dosé de perfection). Lily : cette chanson est tellement belle qu'elle m'inspire et sera ma muse pour cette nouvelle critique littéraire. 
Je vous invite d'ailleurs à l'écouter si vous ne la connaissez pas, cette chanson est un véritable bijou !


Titre : On la trouvait plutôt jolie

Auteur : Michel Bussi

Date de parution : octobre 2017 


Résumé : Leyli, jeune migrante malienne, élève seule ses 3 enfants, Alpha, Bamby et Tidiane. Elle vit dans un tout petit appartement d'une cité HLM de Marseille. Femme de ménage dans des hôtels de la région, le CDI qu'elle vient de décrocher devrait lui permettre d'enfin pouvoir prétendre à l'attribution d'un appartement plus grand pour sa famille. En parallèle, le corps sans vie d'un employé d'une association d'aide aux migrants est retrouvé dans un hôtel miteux. Très vite, les soupçons se portent vers Bamby, la fille de Leyli...

Mon avis : un très bon Michel Bussi. Si la problématique grave de l'immigration que l'auteur exploite dans ce livre surprend au départ, on se laisse très vite prendre par la plume du maestro. On s'attache à Leyli, on tremble pour Bamby, on se questionne sur qui est qui et qui a fait quoi. On comprend bien la difficulté pour la pauvre Leyli d'élever ses enfants dans un pays étranger et on s'émeut de cette volonté farouche de faire que ça marche après les épreuves endurées. Et il y a ce secret. Le secret de Leyli, qui pourrait tout éclairer. Comme toujours, Michel Bussi joue avec les mots et l'intrigue pour une nouvelle fois nous surprendre. On se demande où le roman va nous conduire. Et on n'est pas déçus du résultat.

Ce roman est somme toute assez déroutant pour les amateurs de Michel Bussi. À deux niveaux.
Le premier, le ton du roman. On la trouvait plutôt jolie est grave. On sort de la légèreté habituelle de l'auteur pour entrer dans l'univers rude et impitoyable des migrants. Le roman laisse un goût un peu amer sur la situation de ces gens qui font ce qu'ils peuvent mais qui partent avec un sacré handicap dans la vie. Il évoque avec humanisme ceux - très attachants, à l'instar du délicieux personnage de Ruben dans ce livre - qui rendent leur vie plus belle : il dépeint avec douceur la France, qui peut aussi et encore être une chaleureuse terre d'accueil. Tout en n'oubliant pas ceux qui profitent et s'enrichissent sur le dos des désespérés... Un écho glaçant et beau à la fois à la terrible actualité.
Le second, la construction du roman. Pas de situation initiale inextricable, comme dans Un avion sans elle par exemple, ou N'oublier jamaisOn est finalement, par ce roman, assez proche de Nymphéas noirs, mon préféré de l'auteur. Une lenteur dans le développement qui nous laisse le temps d'apprécier la gravité du propos, mais un final qui nous laisse bouche bée, avec un twist final assez magistral. Je ne vais pas vous mentir, encore une fois je n'ai rien vu venir. Même si la ficelle avait plus ou moins déjà été exploitée (vous comprendrez en lisant le roman), impossible de deviner vers où Michel Bussi nous emmène. Ce polar est une nouvelle fois admirablement construit et le dénouement, comme toujours, fait mouche. 
Si vous lisez Michel Bussi pour la première fois avec ce roman, vous risquez d'être époustouflés (un délicieux risque, vous en conviendrez). Si comme moi vous en être à plus de 10 romans de l'auteur, il est possible que vous soyez un peu plus blasés, mais vous serez forcés de reconnaître que cet homme là a du talent ! Un talent fou !!



mercredi 24 avril 2019

L'ombre du caméléon - Minette Walters

Encore un auteur et un roman découverts par hasard, ma mère et ma tante faisant tourner les polars qu'elles lisent. Une occasion de faire connaissance avec Minette Walters, romancière anglaise multi-primée et adaptée dont je n'avais jamais entendu parler jusque-là. 

A première vue, L'ombre du caméléon semblait un polar assez noir, en lien avec les traumatismes d'un soldat revenu de l'enfer de la guerre... un livre qu'il me tardait de lire, moi qui adore les bons polars et qui suis passée en école militaire : ce roman faisait donc écho à mon univers et m'intriguait. 

Le tout était de trouver le temps de le lire, ce roman étant perdu dans la multitude de livres qui s'accumulent dans ma bibliothèque, entre les auteurs à succès dont je ne peux m'empêcher d'acheter les nouveautés et la tonne de romans que l'on me prête tout au long de l'année et qui commencent à s'entasser dans toute la maison. 


Après Tu tueras le père, j'étais dans une veine romans noirs... autant continuer sur ma lancée avant de reprendre des lectures un peu plus légères. J'attaquais donc L'ombre du caméléon avec grande curiosité.



Titre : L'ombre du caméléon

Auteur : Minette Walters

Date de parution : 2008

Éditeur : Robert Laffont 

Résumé : Charles Acland, jeune soldat britannique tout juste rapatrié d'Irak, se réveille amnésique et défiguré dans un lit d'hôpital. Il apprend qu'il est le seul rescapé de son unité. Lui d'habitude si doux, sociable et communicatif est devenu irritable et violent, ce qui ne manque pas d’inquiéter son psychiatre, et ce encore plus lorsqu'il agresse violemment et sans raison sa fiancée quelques jours avant sa sortie de l'hôpital. Le médecin se demande en effet si ce comportement n'est dû qu'à un syndrome post-traumatique de la guerre en Irak ou bien si les causes sont plus profondes. Une interrogation qui va resurgir lorsque, peu après la sortie de l'hôpital du jeune soldat, des anciens combattants anglais sont retrouvés assassinés à leur domicile, le crâne défoncé. Tous fréquentaient des milieux gays.

Mon avis : un bon polar, correctement amené et construit, plutôt plaisant à lire. Le roman ne révolutionne pas le genre et les éléments de l'intrigue sont déjà vus. Néanmoins, la plume est fluide, on entre bien dans le livre et on ne le lâche pas. Pas de réelle surprise, l'ensemble est assez égal mais sans briller. Certains ressorts de l'histoire sont assez tirés par les cheveux, mais si on se laisse porter, on passe un bon moment. Disons que le suspense n'est pas insoutenable - l'intrigue portant sur l'interrogation autour de la culpabilité de notre soldat étant relativement facile et fade -, mais ici l'auteur entend miser sur les ressorts psychologiques en lien avec la thématique du syndrome poste-traumatique... rien de révolutionnaire cependant, le sujet n'est pas non plus novateur sur ce point là. 
Ce n'est peut-être pas le meilleur roman de Minette Walters, mais je pense que, si j'en ai l'occasion, j'en lirai un autre d'elle pour étoffer mon opinion sur cette auteur, d'autant qu'elle a été primée à plusieurs reprises. Lire l'un de ses polars récompensé pourrait donc me permettre de me faire une juste idée de ce que vaut la romancière. À ce stade, elle me fait l'effet d'un auteur sympathique, sans être exceptionnelle. 




samedi 20 avril 2019

Tu tueras le père - Sandrone Dazieri


Avec ce nouveau billet, on plonge dans l'univers glauque et angoissant du thriller italien... première exploration pour moi, avec un  genre littéraire que je n'avais jamais lu jusque là. 
Pas le thriller, hein.. ça j'avais déjà lu ! Je vous parle bien entendu du thriller italien. Bon, en même temps, je ne suis même pas certaine d'avoir déjà lu un auteur italien auparavant, à l'exception de Primo Levi et de son Si c'est un homme. Donc j'avais un peu de retard à rattraper sur ce point.


Alors, comment en suis-je arrivée à découvrir ce roman, me demanderez-vous ? En lisant une très bonne critique de ce livre par Gérard Collard (librairie La Griffe Noire) sur facebook. Pourquoi pas, me disais-je alors en lisant son petit texte... et hop, aussitôt pensé, aussitôt acheté. Une bonne occasion d'élargir mes horizons littéraires sans prendre trop de risques.


Titre : Tu tueras le père

Auteur : Sandrone Dazieri

Date de parution : 2015 en France

Éditeur : Robert Laffont

Résumé : Le commissaire Colomba Caselli enquête en sous-marin sur la mort mystérieuse d'une femme retrouvée décapitée dans une clairière. Le mari, errant hagard sur le bord de la route, signale alors aux policiers la disparition de leur fils de 8 ans, qui semble avoir été kidnappé. Si tout le monde croit à la culpabilité du mari, Colomba n'est pas convaincue par cette théorie du drame familial et décide de faire appel à Dante Torre, un misanthrope spécialiste des disparitions d'enfants. Il a lui-même été kidnappé étant enfant et a grandi plusieurs années enfermé dans un silo à grains par un mystérieux geôlier qui se fait appeler "le Père" avant de réussir à s'échapper miraculeusement. Dans cette nouvelle affaire, la signature du kidnappeur ne laisse pour lui aucune place au doute : le Père est de retour...

Mon avis : un thriller plutôt classique mais efficace. Équivalent italien de notre Franck Thilliez national, Sandrone Daizieri sait bien mettre le lecteur mal à l'aise et le plonger dans une atmosphère assez effroyable. L'auteur maîtrise assurément les codes traditionnels du thriller et arrive à nous embarquer dans son univers sordide et malaisant. Croyez-moi, vous n'allez pas bien dormir tant que vous serez plongés dans ce roman glaçant. Surtout que l'auteur sait nous prendre aux tripes avec un rythme extrêmement soutenu, rendant le roman assez difficile à lâcher une fois commencé. Si vous êtes comme moi, vous allez dévorer ce thriller de près de 700 pages en moins d'une semaine... mais cela fait tout de même une semaine durant laquelle vous n'allez pas vraiment dormir sur vos deux oreilles !
Cela étant dit, Sandrone Dazieri ne réinvente pas la poudre et l'ouvrage est assez attendu si on est amateur de thrillers. Le succès de ce best-seller tient avant tout aux personnages, principaux comme secondaires, très intéressants. Le profil de la commissaire Caselli est assez classique mais apporte la traditionnelle figure du flic au roman et le mariage de ce profil classique avec celui plus marginal de Dante, mi traqueur - mi traqué, complètement névrosé, fait mouche. C'est là tout l'intérêt de ce roman qui mérite qu'on le découvre, même s'il ne laisse pas une trace indélébile.


mercredi 17 avril 2019

Intimidation - Harlan Coben

Autre auteur de best sellers que je prends plaisir à emporter dans mes valises de vacances : Harlan Coben. Des polars plutôt bien construits, faciles à lire et une plume qui nous tient en haleine... des petits bouquins parfaits pour décompresser l'été avant de reprendre le train train quotidien à la rentrée. 

D'une manière générale, les romans d'Harlan Coben, très plaisants, ne sont pas les polars les mieux ficelés que je connaisse (je déteste deviner la fin d'un roman en plein milieu de celui-ci), mais le style est très souvent diablement efficace et l'ensemble fonctionne. De là à ériger l'auteur au rang de Dieu du polar et vendre ses romans une vingtaine d'euros, il ne faut pas pousser mémé dans les orties, mais télécharger un petit roman de cet auteur au format ebook pour le lire tranquillement en sirotant un bon mojito fait parfaitement l'affaire. 
J'apprécie tout particulièrement ses romans ne mettant pas en scène son protagoniste Myron Bolitar, car l'auteur se permet un peu plus de liberté et sort de son confort (l'univers sportif) pour nous proposer, en général, quelque chose d'autre, qui change, et qui n'est pas déplaisant, à l'image de son très connu Ne le dis à personne.

C'est le cas d'Intimidation, que j'emportais donc sur ma liseuse pour l'été. Après Levy et Musso, il était temps de rattraper mon retard accumulé sur Harlan Coben...


Titre : Intimidation

Auteur : Harlan Coben

Date de parution : octobre 2016

Éditeur : Belfond

Résumé : Adam Price semble vivre une vie parfaite avec sa femme, Corinne, et ses 2 enfants. Jusqu'au jour où il se fait aborder dans un bar par un inconnu qui lui souffle que Corinne lui cache un secret... elle lui a menti sur sa dernière grossesse. Une révélation suffisamment détaillée pour qu'Adam se mette à douter. De retour chez lui, il questionne sa femme qui lui donne un début d'explication mais lui demande un peu de temps pour tout lui expliquer dans le détail... avant de disparaître mystérieusement. 

Mon avis : pas le meilleur Harlan Coben, et de loin. Encore un auteur qui a cédé aux sirènes du "un roman par an", pour le meilleur et pour le pire. Ici, pour le pire. L'histoire est tirée par les cheveux, grotesque. Les ficelles sont énormes et on voit venir de loin le dénouement, un brin bâclé. Les retournements de situation et les différentes intrigues dans l'intrigue laissent perplexes. Harlan Coben nous livre un scenario conçu à la truelle, loin de ce qu'il a l'habitude de nous proposer. La construction est toujours la même, mais sans le génie de ses autres romans.
On peut néanmoins lui reconnaître sa plume qui reste efficace, l'auteur sait mieux que personne nous faire enchaîner les chapitres les uns après les autres et nous tenir en haleine tout au long du roman, mais nous laisse au final avec un sentiment d'inachevé avec cette Intimidation, tant le scénario est alambiqué. 
En résumé : c'est un roman sympa pour lire vite fait entre 2 gares routières, mais si vous avez le choix, prenez-en un autre de l'auteur. Ce serait dommage de gâcher 22 euros (ou un peu moins de 10 maintenant qu'il est sorti en Poche) pour celui-ci alors qu'Harlan Coben en a écrit des bien meilleurs. Je ne dis pas qu'on passe un mauvais moment en le lisant... juste qu'on peut passer son temps à autre chose.







samedi 13 avril 2019

Un appartement à Paris - Guillaume Musso

Un autre auteur cher à mes périodes estivales, et non des moindres car il est l'auteur français le plus vendu dans l'hexagone : j'ai nommé Guillaume Musso.

Découvert sur le tard, je vous avoue que je prends désormais un certain plaisir à lire son nouveau roman chaque été sur le bord de la piscine. Pas prise de tête, divertissant... tous les ingrédients du traditionnel roman de plage. 

Avec le temps, j'opte cependant pour le format ebook, pour éviter de payer un prix démentiel pour un roman lu en 2 jours et de me trimbaler une valise qui pèse un âne mort tout l'été... dommage que la technologie, le sable et l'eau ne fassent pas bon ménage, car j'ai un peu peur qu'un beau jour mon bel ebook ne se noie. 
Quoiqu'il en soit, à l'été 2017, c'était le tour d'Un appartement à Paris. Pas encore totalement convaincue à l'époque par la plume de Guillaume Musso, mais de moins en moins fâchée avec l'auteur, j'étais curieuse de voir ce qu'allait donner son nouveau roman. Il faut dire que le précédent, La fille de Brooklynn, était plutôt un bon cru, avec une fin qui, pour la première fois dans mon expérience mussoesque, tenait la route. Alors, pourquoi pas ?


Titre : Un appartement à Paris

Auteur : Guillaume Musso

Date de parution : 2017

Éditeur : XO Éditions 

Résumé : À Paris, Madeline, jeune flic londonienne, a loué un atelier d'artiste caché au fond d'une allée verdoyante pour s'y reposer et s'isoler. A la suite d'une méprise, elle y voit débarquer Gaspard, un écrivain américain misanthrope venu y écrire dans la solitude et avec lequel elle va devoir cohabiter quelques jours dans cet ancien atelier ayant appartenu au célèbre peintre Sean Lorenz. Terrassé par l'assassinat de son petit garçon, le peintre est mort un an auparavant, laissant derrière lui 3 tableaux aujourd'hui disparus. Fascinés par son génie et son destin funeste, Madeline et Gaspard décident de collaborer pour retrouver les toiles disparues, réputées extraordinaires, au sein d'une enquête qui les mènera au plus profond de l'horreur.

Mon avis : un roman plutôt sympathique à lire. De toute évidence, Guillaume Musso s'améliore et semble avoir trouvé son style en allant vers le polar. Pas étonnant qu'il reste l'auteur préféré des Français, car il monte en puissance et ses romans, autrefois bancals et bâclés sur la fin, sont aujourd'hui mieux construits, plus rythmés et réfléchis / pensés pour vendre. Ce n'est certes pas l'auteur du siècle, mais on y trouve son compte pour un tête à tête estival. Guillaume Musso a clairement trouvé la recette du succès et semble, dans son genre, arriver à se renouveler et à tenir un rythme de publication annuelle sans entièrement rogner sur la qualité de ses livres. Après, pour être tout à fait honnête, si je me souviens avoir apprécié ce nouveau roman, je dois avouer ne pas en garder un souvenir très précis... ce genre littéraire - prenant sur le moment - ne me laisse jamais une trace indélébile. 
Je me souviens cependant des impressions laissées, ce Musso étant plus noir et intense que les autres, loin des standards du roman estival traditionnel que j'attendais de ce roman avant d'en entamer la lecture. Force est de constater néanmoins que si le final nous glace et m'a clairement fait son petit effet, l'ensemble reste tiré par les cheveux. L'intrigue policière n'est pas vraiment ficelée avec le brio d'une Agatha Christie ou, plus proche de nous, d'un Michel Bussi, mais le rythme effréné et le final inattendu ont eu raison de mes réticences, d'autant plus que par rapport à ses romans précédents, Musso essaye de nous construire le dénouement sur 200 pages et non plus sur 10 pages comme dans certains de ses premiers livres. Bref, je le redis, Musso s'améliore. Ce n'est pas encore la panacée, mais c'est toujours sympa à lire entre 2 romans plus denses, histoire de se changer un peu les idées. 





mercredi 10 avril 2019

Retour (tardif) sur le Palmarès du Figaro des auteurs francophones les plus vendus en 2018

Comme chaque année, je me devais d'écrire un petit billet sur le Palmarès du Figaro des auteurs francophones les plus vendus dans l'hexagone. Avec un trimestre de retard, voici un retour en arrière sur les auteurs qui ont fait l'année 2018, agrémenté d'un point sur les Français et la lecture faisant suite à une étude publiée peu de temps après dans Livres Hebdo.

Alors, que retenir de l'année 2018 ? Les Français se sont-ils remis à lire ? Qui sont les auteurs francophones les plus vendus ? Comment le palmarès a-t-il évolué depuis 2017 ? Quid de l'intérêt des Français pour les auteurs étrangers ? 

Retour tardif sur l'année dernière... que faut-il en retenir ?


1/ Le Figaro confond français et francophone

Une petite précision avant de commencer à commenter les chiffres du Figaro et de Livres Hebdo : je vous commenterai, tout au long de mon billet, ce que le Figaro appelle son palmarès des 10 auteurs français les plus vendus en 2018. Alors que Joël Dicker, auteur suisse de La vérité sur l'affaire Harry Quebert, est présent sur le podium de ce classement, je me suis permise, tout au long de mon article, de substituer le terme "français" par "francophone". Soyons précis et sérieux, et rendons à Ueli Maurer, Président de la Confédération suisse, ce qui lui appartient. 


2/ Les ventes de livres sont en chute libre

Pour la seconde année consécutive, selon une étude parue dans Livres Hebdo le 1er février dernier, les ventes de livres ont baissé (-1,7 %), ce qui représente la plus forte baisse depuis 10 ans. 
Si ce n'est pas réellement une surprise, force est de constater que le désintérêt des Français pour la lecture ne va pas en s'améliorant, et c'est très triste. Seuls les livres jeunesse et les BD/mangas tirent leur épingle du jeu. S'il semble y avoir un désamour pour les romans au format plus classique, la jeunesse ne parait ne pas se détourner complètement de l'univers littéraire. Ainsi, même si elle fait le choix de livres plus faciles à lire... au moins, elle lit !
Avec une concurrence accrue des autres loisirs culturels (réseaux sociaux, jeux vidéo, séries...), le temps consacré à la lecture ne cesse donc de diminuer. Espérons une embellie sur ce front pour l'an prochain. 


3/ Guillaume Musso conforte sa place de leader

Le top 10 des auteurs francophones les plus vendus dans l'hexagone représente 1/4 des ventes de fiction et a progressé de 3 % en 2018... Alors qu'on observait une tendance baissière l'an dernier, le top 10 des auteurs francophones préférés des Français a mieux vendu en 2018, porté par le format poche, qui représente 2/3 des ventes.

Dans le détail, Guillaume Musso, indétrônable depuis 2011, reste l'auteur préféré des Français, loin devant Michel Bussi, qui reprend une deuxième place au classement perdue l'an dernier, et Joël Dicker, qui fait une entrée fracassante dans le top 10, porté par l'adaptation en série de son best seller La vérité sur l'affaire Harry Quebert.
  • Ils sont toujours là : Guillaume Musso, toujours en pole position, Michel Bussi (+1), Auréllie Valogne (+1), Marc Levy (-1), Raphaëlle Giordano (-6), Françoise Bourdin (-2), Franck Thilliez (toujours 10ème)
  • Ils intègrent le top 10 : Joël Dicker, Virginie Grimaldi, Pierre Lemaitre
  • Ils sont quitté le top : Fred Vargas, Gilles Legardinier, Agnès Martin-Lugand





4/ Les auteurs francophones bousculent les auteurs étrangers

15 auteurs francophones figurent ainsi dans le top 20 des auteurs les plus vendus en France en 2018, toutes nationalités confondues, une belle remontée par rapport à l'an dernier où ils n'étaient que 11 sur 20. Par contre, cette année, Le Figaro a abandonné le détail des ventes d'auteurs étrangers... dommage !


5/ Ce qui fait vendre...

La régularité : les auteurs publiant un roman par an ont tendance à vendre plus que les autres. C'est le cas de Guillaume Musso ou Michel Bussi, par exemple.

Les adaptations : pour Joël Dicker, l'adaptation de La vérité sur l'affaire Harry Quebert avec Patrick Dempsey dans le rôle principal a dopé les ventes et su faire trouver au roman un nouveau public. Michel Bussi est aussi un auteur dont un grand nombre d'adaptations ont été annoncées en 2018 et qui devrait donc de nouveau tirer son épingle du jeu en 2019 : pas moins de 3 séries TV, un film et 3 BD ont été réalisés ou annoncés pour cet auteur à succès. 

Les poches, chaque succès grand format relançant le petit.


6/ Mon avis sur ce classement

Je le dis régulièrement et le répète, j'ai beau ne pas être une fan absolue d'un certain nombre d'auteurs du top 10, tant qu'ils continuent à faire lire les Français, je suis pour qu'ils continuent d'écrire et de publier. 
Par contre, si la régularité fait vendre, il ne faut pas se tromper : les Français commencent à se lasser de cette régularité artificielle au détriment de la qualité des romans proposés. Pas étonnant selon moi que Marc Levy perde des places, petit à petit, lui qui néglige de plus en plus la qualité au profit de la poursuite d'un rythme de publication effréné, contrairement à son concurrent direct, Guillaume Musso, qui lui sait monter en puissance ou tout du moins maintenir ses lecteurs en haleine en conservant un niveau de qualité relativement stable année après année.

Par ailleurs, et ce n'est pas analysé par le Figaro, mais il semblerait que les Français délaissent le genre policier/thriller au profit de romans contemporains plus légers et accessibles. Si Bussi cartonne et que Thilliez est toujours en 10ème place, Fred Vargas est sortie du classement et certains auteurs à succès comme Maxime Chattam commencent à y devenir désespérément absents. 

Enfin, les Français bouder à délaisser certains auteurs - et pas des moindres - qui ont pourtant cartonné les années précédentes, comme David Foenkinos, Bernard Werber ou encore Gilles Legardinier. Comme quoi, la concurrence est rude et les places sont chères... 








samedi 6 avril 2019

La dernière des Stanfield - Marc Levy

Je pensais tenir le bon bout en rattrapant un peu de mon retard... et me rends compte en arrivant aux critiques des Musso et Levy de l'été 2017 que nous sommes déjà en avril 2019 et que j'en suis à faire les critiques des romans d'été lus il y a 2 ans...
Même le sable a eu le temps de fuir les pages de ces livres, c'est dire comme de l'eau a coulé sous les ponts depuis. 

Je me prête néanmoins au jeu avec plaisir, même s'il me faut pour cela faire jouer ma mémoire et reconnecter quelques neurones laissés dans la montagne valencienne. La première de mes critiques de ces romans d'été sera donc dédiée à La dernière des Stanfield, de Marc Levy. J'optais en effet pour un peu de légèreté pour commencer mes vacances avant d'attaquer une vague de polars plus noirs sur la fin du mois d'août...


Titre : La dernière des Stanfield

Auteur : Marc Levy

Date de parution : avril 2017

Éditeurs : Robert Laffont/Versilio

Résumé : Ils vivent sur 2 continents et ne semblent rien avoir à faire ensemble. Pourtant, à Londres, Eleanor-Rigby, journaliste reporter pour le National Geographic et à Montréal, George Harrison, ébéniste, reçoivent une étrange lettre d'un mystérieux corbeau. Leurs mères respectives sembleraient avoir un passé criminel. Rendez-vous leur est donné dans un petit bar de pêche du port de Baltimore. Là, au mur, ils vont découvrir une photo de leurs mères, ensemble, dans les années 80... Ils décident alors de partir sur les traces de leur passé et de leur famille.  

Mon avis : avec ce roman, Marc Levy renoue avec les sagas d'aventure comme il avait pu en écrire par le passé et nous propose un roman assez proche de son Autre idée du bonheur qu'il nous avait proposée 3 ans plus tôt. Si La dernière des Stanfield ne vaut pas Le premier jour ou La première nuit, qui m'avaient enchantée, j'ai été agréablement surprise de replonger dans ce style littéraire qui lui va désormais beaucoup mieux que ses 'romances faciles'. En effet, sur certains de ses romans comme Elle & Lui, j'avais le sentiment que Marc Levy cédait à la facilité et à la simplicité, tant dans l'histoire que dans l'écriture, assez bâclées, et que l'auteur, de plus en plus soumis au diktat de l'écriture et de la publication annuelles de ses romans, ne prenait plus le temps de construire ses sujets, ses personnages et ses histoires. Pour moi, il commence à tourner à un rythme d'un bon bouquin sur deux ou de deux sur trois pour proposer un 'roman facile' une année et se laisser le temps de mûrir une histoire un peu plus recherchée pour l'année suivante ou les deux années suivantes. Aussi, après Elle & Lui, L'horizon à l'envers et La dernière des Stanfield sont un peu plus réfléchis, sans retrouver cependant la qualité de ses premiers romans. La dernière des Stanfield se lit plutôt bien et plutôt vite : c'est un bon bouquin d'été, qu'on prend plaisir à lire malgré quelques longueurs et une histoire qui a un peu de mal à se mettre en place. Néanmoins, j'ai trouvé que ce roman était plutôt un bon cru parmi les derniers Marc Levy et je ne boude pas, sur la période estivale, ce type de livre, qui détend et égaye juste ce qu'il faut. Un roman plutôt plaisant à lire sur un bord de piscine, même si comme souvent ce type d'ouvrage est oublié aussitôt dévoré. 






mercredi 3 avril 2019

"Livre ou film ? n°11" : Un avion sans Elle

Quelques mois après mon billet comparant Maman a tort de Michel Bussi avec son adaptation TV, c'est désormais au tour de Un avion sans Elle de passer sur le grill. 
Il faut dire que Michel Bussi, désormais sur le podium des auteurs français les plus lus et populaires, soulève les foules de l'adaptation avec rien de moins que 3 téléfilms réalisés ou en cours de réalisation et 2 déclinaisons en bandes dessinées sur 2018 et 2019... de quoi rendre jaloux ses concurrents directs.

Hier donc s'achevait sur M6 le téléfilm en 4 épisodes d'Un avion sans Elle, le roman multi récompensé et multi traduit qui avait fait décoller l'auteur en 2012. Celui par lequel je découvrais Michel Bussi pour la toute première fois... nostalgie, quand tu nous tiens !

Si Maman a tort n'était pas mon roman préféré de l'auteur et, par conséquent, j'avais de moins fortes attentes quant à son adaptation télévisée, Un avion sans Elle étant pour moi comme une madeleine de Proust Bussienne, je redoutais nettement son adaptation, que j'avais peur de trouver décevante. Il faut dire que j'avais vraiment adoré le roman, dont vous pourrez relire la critique de l'époque ici.


Titre : Un avion sans Elle

Auteur : Michel Bussi

Date de parution : 2012

Éditeur : Presses de la cité

Prix : Prix Maison de la Presse et Prix du Roman Populaire, décembre 2012


Quelques infos sur le téléfilm :
  • De : Jean-Marc Rudnicki, Nicolas Durand-Zouky
  • Avec : Bruno Solo (Jacques Monod), Pénélope-Rose Lévèque (Emilie Vitral), Yaniss Lespert (Marc Vitral), Anne Consigny (Mathilde Carville), Margaux Chatelier (Nina Passard), Didier Bezace (Henri Carville), Agnès Soral (Nicole Vitral), Anne-Elisabeth Blateau (Solen Martineau), Foëd Amara (Karim Bouazi)...
  • Date de diffusion : 26 mars et 2 avril 2019
  • Chaîne de diffusion : M6
  • Nombre d'épisodes : 4 d'une cinquantaine de minutes chacun



De quoi ça parle ?

Un avion sans Elle, c'est l'histoire d'un vol Istanbul-Paris qui s'écrase sur le Mont Terrible, dans le Jura, ne laissant aucun survivant, à l'exception d'un nouveau né... une petite fille réclamée par 2 familles, les Carville et les Vitral. Alors que la justice tranche en faveur des Vitral, le détective engagé par les Carville fait, 20 ans plus tard et juste avant d'être sauvagement assassiné, une découverte qui va tout changer...


Le livre ou le film ?

Sans grande surprise, le livre. De ce roman, je me souviens surtout, au-delà de son épilogue grandiose, de son rythme effréné, une course contre la montre qui nous tient en haleine de la toute première à la toute dernière page. Environ 200 pages de suspense à couper le souffle avec peu d'espace pour respirer. C'est ce rythme que j'avais plébiscité lors de ma découverte de l'auteur et qui faisait de ce livre un très grand livre, sans compter bien évidemment la clé de l'énigme... ce petit twist final tellement évident mais tellement introuvable si on n'a pas "le truc". Du pur génie "made in Bussi" ! Or, vouloir faire de ce roman 4 épisodes (vous me direz, c'est toujours 2 de moins que l'adaptation de Maman a tort) est une erreur. Un film de 2 heures ou un téléfilm de 2 épisodes aurait largement suffit à retranscrire l'intensité de ce policier haletant.

Autrement, c'est une bonne adaptation dans l'ensemble. L'intrigue est plutôt bien respectée : une fidélité que je n'avais pas autant retrouvé dans l'adaptation de Maman a tort. Pour ceux qui n'ont pas lu le roman, cette mini-série respecte l'oeuvre d'origine dans son ensemble et ne trahit pas la trame de l'intrigue. 
On y retrouve les mêmes ingrédients, avec pour autant une certaine fadeur dans le traitement, due en partie à un jeu d'acteurs et une manière de filmer "à la française" qui ralentissent l'ensemble. J'ai trouvé l'actrice incarnant Emilie Vitral assez terne, un peu à côté d'un rôle qu'elle aurait pu rendre beaucoup plus intense et profond, là où à l'inverse, l'actrice jouant Nina Passard est une belle révélation.

Certains détails m'ont également gênée. Les scénaristes de ce type d'adaptations ne peuvent pas s'empêcher de modifier de petites choses des romans qu'ils déclinent, parfois sans grand intérêt pour la série mais qui trahissent l'oeuvre originale aux yeux de ceux qui connaissent bien son auteur.
Pourquoi placer l'intrigue en grande partie dans les Hauts de France au lieu de la Normandie ? Les plages calaisiennes sont-elles réellement plus belles que les plages dieppoises ? Quand on sait l'attachement de Michel Bussi pour la Normandie, quel intérêt ? 
Dans le même ordre d'idée, pourquoi renommer Crédule Grand Duc Jaques Monod ? Cette recherche de noms singuliers chère à l'auteur devait-elle obligatoirement être foulée au pied ? Croyez-moi, je me souviens peu des noms des personnages des romans que je lis, mais concernant Crédule Grand Duc, qui n'a pas été frappé par ce nom improbable en lisant le roman Un avion sans Elle ? Pourquoi ne pas le conserver ? Est-ce un patronyme si ingrat pour le grand Bruno Solo ? 
Des détails, certes. Mais qui bafouent le talent et la signature de Michel Bussi et qui m'ont dérangée.

C'était néanmoins une adaptation plutôt réussie, mais au vu de la qualité du roman, préférez-lui l'original, vous ne serez pas déçus. A moins que l'adaptation en BD, prévue pour l'année prochaine, soit à la hauteur de l'oeuvre et satisfasse les plus pressés.